Echappées Belles - La Côte Atlantique
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L11616 - 4H - 5,95€ - RD É C H A P P É E S B E L L E S N ° 4
MAI 2021 - 5,95 € - HORS-SÉRIE DÉTOURS EN FRANCE
N ° 4
AVEC SOPHIE JOVILLARD, JÉRÔME PITORIN, ET ISMAËL KHELIFA
L’émission découverte de
Ports de charme, chemins buissonniers, îles secrètes, plages de rêve C a p s u r La côte Atlantique
Huîtres, sel, pineau, sardines… de riches terroirs pour les gourmets, des artisans au savoir-faire traditionnel VENDÉE, CHARENTE-MARITIME, GIRONDE
L 11676 - 4 H - F: 5,95 - RD
Les Sables-d’Olonne, irrésistiblement balnéaire Rochefort, l’Hermione et les Demoiselles Royan, délicieusement vintage La Rochelle, sa vie intime est maritime Cap-Ferret, une presqu’ île pour la dolce vita DE NO I RMOU T I ER AU CA P - F ER R E T : NOS É TA PE S DE CHARME
Hors-série - mai 2021 - France métro : 5,95 € - BEL : 6,95 € - LUX : 6,95 € - CH : 11 FS
Conception : Crédits photos : P. Baudry pour Sud Vendée Tourisme / A. Lamoureux pour Vendée Expansion / Medhi Média pour L’Office de Tourisme Fontenay Vendée
LA CÔTE ATLANTIQUE
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E D I T O S
A H ! L ’ O C É A N…
surprendre si vous sortez de ses sentiers balisés. À la pointe de la Fumée, à Fouras, embarquez pour l’« îlette » d’Aix, le bonheur que vous y dénicherez est inversement proportionnel à ses dimensions. De la côte royannaise, franchissez le fleuve Gironde par le bac qui vous dépose au Verdon-sur-Mer. Sur la rive opposée bruit un autre monde… Laissez-vous glisser jusqu’au bassin d’Arcachon. Lagune, dune du Pilat, Cap-Ferret, banc d’Arguin… un autre monde, on vous promet ! Et mille surprises encore que vous ne manquerez pas de débusquer en cet été « bleu blanc rouge ». Ah ! l’océan…
porte d’entrée de la Vendée. Cette côte des Lumières déploie d’infinies plages de sable fin et les stations balnéaires, Les Sables-d’Olonne en étape star, garantissent des vacances insouciantes. Et au large de celles-ci bat le cœur d’ îles si accueillantes. Sous sa réserve apparente sourd un fort tempérament. Noirmoutier, dont l’accès ne s’ouvre que lorsque la marée libère la chaussée du Gois. Devant vous, Yeu, « un grain tombé du rosaire des îles bretonnes » (Jean Yole), est à la fois un peu bretonne, mais aussi très méditerranéenne. Depuis La Rochelle, à la vie intime si maritime, l’horizon ouvre les voies de l’archipel charentais. Droit devant, l’ île de Ré, qui saura vous
« J’ai un rêve/ Le rêve que j’ai/ Tout l’monde le fait/ Je rêve d’eau/ Mais d’océan/ Ah ! l’océan… » Comme Laurent Voulzy dans Le Rêve du pêcheur, Détours en France et Échappées Belles ont rêvé de conserve à l’océan Atlantique. Et du rêve à la réalité, il n’y a parfois qu’une invitation au voyage… Si, pour cet été, vous êtes prêt une nouvelle fois à oublier la tentation de Venise, les châteaux en Espagne, les grands espaces américains ou la bronzette insulaire dans les Cyclades, suivez-nous au fil d’un des plus riches traits de côte du littoral Atlantique. Vous voilà dans l’estuaire de la Loire, et cap au sud, s’ouvre la
D O M I N I Q U E R O G E R – R É D A C T E U R E N C H E F D E D É T O U R S E N F R A N C E
E T S I L A C Ô T E AT L A N T I Q U E É TA I T L A D E S T I N AT I O N D E L ’ É T É ?
Philippe Roy / Détours en France
Longer le littoral Atlantique, c’est parcourir les pages d’un livre d’aventures. Avec ses histoires grandes et petites, ses mystères qui laissent libre cours à l’imaginaire. Ces paysages verdoyants ou désertiques, vertigineux et inspirants, stimulent la créativité et l’envie d’entreprendre. L’air iodé n’y est sans doute pas étranger. Inspirez profondément… le voyage commence maintenant !
« Le véritable voyage, ce n’est pas de parcourir le désert ou de franchir les grandes distances sous-marines, c’est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l’ instant baigne tous les contours de la vie intérieure. » Dans Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry nous rappelle que la France, à elle seule, offre mille et une occasions de s’évader et de s’émerveiller. En témoigne ce nouveau hors-série, en partenariat avec Détours en France, qui ouvre toutes grandes les portes vers les projets de vos futures
leurs « Échappées Belles », brassées de découvertes et de rencontres au fil de chemins buissonniers, entre terre et mer. Parcourir à vélo les sentiers de l’île de Noirmoutier et se retrouver seul au monde sur certaines plages encore secrètes ; se laisser envelopper par la nature, le silence et la majesté du Marais poitevin; déguster au soleil couchant quelques huîtres sur le banc d’Arguin… autant d’étapes pour vivre le temps autrement, en toute liberté et à votre seul rythme.
vacances. La crise sanitaire nous a rappelé à quel point nos régions sont belles, riches et étonnantes. Elles ont fait preuve d’imagination, s’adaptant avec talent et une incroyable énergie à une nouvelle demande. En effet, à quoi bon vouloir se rendre à l’autre bout du monde quand on a tout à portée de main? De la Vendée à la Gironde, en passant par la Charente- Maritime, Sophie Jovillard, Jérôme Pitorin et Ismaël Khelifa, vos familiers animateurs de l’émission, nous offrent en partage
A L A I N G O U R Y – R É D A C T E U R E N C H E F D ’ É C H A P P É E S B E L L E S
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
ÉCHAPPÉES BELLES
LA CÔTE ATLANTIQUE
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S O M M A I R E
LA CÔTE ATLANTIQUE
P. 26 L’ Î LE D’ YEU BAL ADE S MAR I NE S
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ÉDITOS SOPHIE, JÉRÔME ET ISMAËL
LEURS ÉCHAPPÉES BELLES LA CÔTE ATLANTIQUE PORTFOLIO NOIRMOUTIER LE GRAIN DE SEL VENDÉEN LA POMME DE TERRE L’ÎLE D’YEU BALADES MARINES RANDONNÉE IODÉE AU FIL DE LA CÔTE SAUVAGE ; CIRCUIT EN ROUE LIBRE DE SAINT-SAUVEUR À LA POINTE DES CORBEAUX ; PONT-JOINVILLE ET LA DOUCEUR DE LA CÔTE VENDÉENNE LES SABLES-D’OLONNE L’OCÉAN POUR TÉMOIN LA SARDINE LA ROCHELLE INVITATION AU VOYAGE LES SECRETS DE L’ÎLE DE RÉ : 48 HEURES HORS DES SENTIERS BATTUS ROCHEFORT LA SAGA D’UNE VILLE DES MARAIS OLÉRON, L’ÎLE AUX TRÉSORS LES HUÎTRES MARENNES-D’OLÉRON ROYAN : UN RÊVE D’ARCHITECTE LE PINEAU DES CHARENTES AU CŒUR DU BASSIN : LA NATURE À L’HORIZONTALE BALADE DANS LA RÉSERVE NATURELLE DES PRÉS-SALÉS ; DOMAINE DE CERTES ET DE GRAVEYRON, L’HARMONIE ENTRE HOMME ET NATURE ; LA RÉSERVE ORNITHOLOGIQUE DU TEICH : L’AUTRE ÎLE AUX OISEAUX CAP-FERRET, ON DIRAIT PRESQUE UNE ÎLE CARNET DE VOYAGE
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Tuul et Bruno Morandi / Détours en France
P. 1 8 NO I RMOUT I ER L E GRA I N DE SE L VENDÉEN
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Hervé Ronné / Détours en France
P. 90 CAP- FERRET, ON D I RA I T PRE SQUE UNE Î L E
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Hors-série Échappées Belles En collaboration avec
Philippe Roy / Détours en France
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
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P.60 ROCHEFORT LA SAGA D’UNE VILLE DES MARAIS
Philippe Roy / Détours en France
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Avec la crise sanitaire, Échappées Belles, le magazine de France 5, est devenu lui aussi « essentiel » pour des millions d’amoureux du voyage. Une vraie mission de service public. Depuis mars 2020, notre quotidien a bien changé. Se rendre au supermarché est devenu « une sortie », s’autoriser une balade à plus de cinq kilomètres de chez soi est une « aventure ». Partir en week-end en Normandie est devenu un privilège, s’envoler à l’étranger un exploit. Pendant ces derniers mois confinés, masqués, vécus au rythme du télétravail et des « réunions Zoom », le monde, notre monde, a d’un coup rétréci. Mais heureusement, pas nos rêves… C’est sans doute ce qui explique les audiences records enregistrées par notre magazine chaque samedi de cette 15 e saison. L’émission a obtenu les meilleurs scores de France 5, tous « prime time » confondus !
Fidèlement, vous avez suivi Sophie Jovillard, Tiga, Jérôme Pitorin et Ismaël Khelifa dans des « Échappées Belles » qui nous ont montré que partout, en France et à l’autre bout de la planète, la beauté est toujours au rendez-vous. Une nature qui peut reprendre son souffle, des sites historiques qui en profitent pour se refaire une jeunesse, des villes que les habitants se réapproprient et des destinations qui ouvrent des perspectives sur ce que sera le tourisme de demain. Et, les professionnels du secteur sont prêts pour la « reprise » tant attendue. Notre magazine a été naturellement présent, témoin de ces bouleversements et a aussi, modestement, porté un message d’espoir et de soutien à tous ceux qui ont souffert de cet enfermement et parfois de cet isolement. Il faut ici rendre hommage aux équipes d’ « Échappées Belles » qui ont poursuivi leur mission, en adaptant leur quotidien aux mesures sanitaires contraignantes, aux nombreux tests, au port du masque sur les journées de tournage, aux paniers-repas pris seuls dans les chambres d’hôtel. Merci à toutes celles et ceux qui nous ont consacré du temps et de l’énergie pour participer à nos émissions, en nous ouvrant leurs portes, en se rendant disponibles. Et bien sûr, merci à vous chères téléspectatrices, chers téléspectateurs, qui nous font l’amitié de nous accorder votre confiance chaque semaine. Merci enfin à France 5, qui a bien compris qu’un lien fort s’est installé et qui est consciente du rôle particulier que jouent nos rendez-vous. Au-delà de beaux paysages, « Échappées Belles » continuera à défendre ces valeurs historiques qui nous sont communes : la curiosité, la générosité, le partage, la tolérance, l’ouverture d’esprit et le respect du vivant. Vous l’avez compris, nous aussi nous sommes prêts ! Et ce hors-série en partenariat et en affinité avec Détours en France, nous emmenant au fil du littoral de la côte Atlantique, prouve que les beaux jours sont devant nous… A L A I N G O U R Y
J É RÔME P I TOR I N « Nos Échappées Belles constituent une émission de voyage et de découverte à travers les rencontres que nous faisons. Nous donnons à voir, à comprendre, à apprendre, à rêver et, surtout, à partager : une valeur qui fait le sel de chaque voyage. Tous les quatre, avec nos styles respectifs, nous sommes des “monsieur et madame Tout- le-Monde”. Nous ne faisons ni plus ni moins que ce que les téléspectateurs pourraient faire, d’où cette identification très forte. »
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
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I SMA Ë L KH E L I F A « Avoir rejoint l’équipe
d’ Échappées Belles , c’est aussi excitant pour moi que pour un joueur de foot professionnel qui, tout à coup, aurait le droit d’enfiler le maillot de son club de prédilection! Cela représente une énorme fierté. Participer à la présentation d’un aussi beau programme que l’on regarde chez soi par plaisir, quel bonheur ! Toute l’équipe est véritablement formidable. »
SOPH I E J OV I L L ARD « “Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est
pas voyager, c’est se déplacer”, écrivait
l’exploratrice Alexandra David-Néel… J’aime cette phrase, qui reflète pour moi l’ADN de notre émission. Le voyage, c’est la rencontre! Dans une actualité parfois très anxiogène, notre regard positif et bienveillant sur le monde qui nous entoure fait du bien. »
Nathalie Guyon / FTV
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
SOPHIE JOVILLARD AU PLUS PRÈS DES GENS Sophie Jovillard fait partie de ces personnes que vous venez à peine de saluer et, déjà, elles semblent appartenir au cercle de vos intimes. Qu’on lui propose de tondre un mouton, de participer à la mise bas d’une chèvre, de partir pêcher la coquille elle s’exécute avec un enthousiasme et une spontanéité qui forcent le respect de ses hôtes. Sa botte secrète? Elle vous répond que, justement, elle n’en a pas ! Si, depuis maintenant presque quatorze ans, elle bourlingue avec succès au fil des destinations d’ Échappées Belles, c’est parce que cette fringante « vétérante » de l’émission ignore superbement les « recettes ». « Il y a, chez les Anglo-Saxons une expression que j’aime beaucoup : girl next door. Ce qui signifie quelque chose comme “la fille qui ressemble à tout le monde”. J’espère simplement que je suis cette fille-là… » Saint-Jacques ou de fabriquer du reblochon,
S E S G R A N D E S É T A P E S …
1995 : Débuts sur le petit écran comme animatrice et coproductrice artistique de CQFD , magazine culturel sur TLM (Télé Lyon Métropole). À partir de 1998: Animatrice et coproductrice de magazines de voyage et de découverte de France 3 Régions (La Route du lapin, La Belle Bleue, Une nuit en ville) et de la chaîne Voyage. Depuis 2006: Animatrice du magazine Échappées Belles sur France Télévisions. Présentatrice de la collection documentaire Les Trésors de…, sur France 5.
ISMAËL KHELIFA SON USAGE DU MONDE Paraphrasant le titre d’un ouvrage de l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier, Ismaël Khelifa semble avoir fait sien le désir de partager son « usage du monde ». Que ce soit dans des romans pour la jeunesse, inspirés de son expérience de guide dans le Grand Nord et sur le continent austral, dans des scénarios de documentaires ou des récits d’aventures avec l’explorateur des mondes polaires Nicolas Dubreuil, Ismaël (se) forge un véritable art de voyager, basé sur une posture nomade et sur une dynamique de l’altérité. Il affectionne de donner du temps au temps, n’hésitant pas à exprimer son ressenti de l’instant de ses découvertes et de ses rencontres, plutôt que de se poser comme « celui qui sait ». Ne jamais se prendre au sérieux mais toujours faire chaque chose le plus sérieusement possible : c’est avec ce credo, qu’Ismaël nous entraîne dans de sacrées belles échappées autour du monde…
S E S G R A N D E S É T A P E S … Guide en régions polaires, Arctique et Antarctique. 2008 et 2014 : Repérages et enquêtes pour l’émission Rendez-vous
en terre inconnue sur France Télévisions . 2009-2010: Journaliste à Radio France.
2013 : Coauteur du livre Mystères polaires (éditions de La Martinière). 2017-2018: Chroniqueur pour l’émission La Quotidienne sur France 5. Depuis 2019: Animateur d’ Échappées Belles, sur France Télévisions. 2020 : Auteur de La Vie simple (First Éditions).
JÉRÔME PITORIN : PASSEUR D’ÉMOTION On l’a vu dans l’Aveyron sauter à l’élastique. Descendre en rappel au fond d’un gouffre de glace en Alaska. Et encore se lancer en bobsleigh sur une piste olympique… Casse- cou, Jérôme? Forcément plus complexe. S’il part pour des aventures que la plupart des journalistes se contenteraient de raconter sans jamais avoir mouillé leur chemise, c’est parce qu’il aime confronter ses rêves à la réalité, et que la réalité est celle des femmes et des hommes qui font le sel de ses rencontres. Car derrière sa simplicité et son humanité, le globe-trotter-journaliste-photographe-producteur est un sensitif qui capte, d’un coup d’œil, le monde qui l’entoure. Pour lui, voyager, découvrir, rencontrer… sont autant une affaire de curiosité qu’une façon de vivre pleinement sa vie.
S E S G R A N D E S É T A P E S … 1993-2004: Journaliste et chroniqueur pour Y a pas photo !, Exclusif, Coucou c’est nous ! Le Retour, sur TF1. 2006-2008: Chroniqueur et rédacteur en chef de Nouvelle Star sur M6. 2009 : Réalisateur de documentaires pour Canal+. Depuis 2010: Animateur d’ Échappées Belles sur France Télévisions.
Nathalie Guyon / FTV x 3
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
NOIRMOUTIER- EN-L’ Î LE
Î LE DE RÉ
LA ROCHELLE
Î LE D’OLÉRON
ROCHEFORT
ROYAN
CAP-FERRET
ARCACHON
Au nord-est de Noirmoutier- en-l’Île, belle Vendéenne aux paysages uniques cernés de marais salants, la plage de l’Anse rouge, crique préservée dotée de jolies cabines, est dominée par la tour Plantier (1861).
P L AG E S DE R Ê V E , Î L E S À V I VR E , POR T S DE CHARME… GOÛT E Z L E S DOUX BONH E UR S DE L A Partir du littoral vendéen et se laisser glisser le long de ce merveilleux trait de côte. Côte de Lumière, côte d’Amour, côte d’Argent… prenez garde à la douceur de vivre et à la joyeuse ambiance populaire des stations balnéaires. Au large de ses plages aux parfums d’été, les îles, pour être de réjouissants terrains d’aventure, ont maintes histoires à raconter. Plus au sud, s’ouvre l’archipel charentais où vous prendrez grand plaisir à caboter de Ré à Oléron, en tirant des bords au pied de ce colosse de pierre qu’est le fort Boyard, avant de vous poser à La Rochelle, « ville verte » ourlant l’Océan. Plus au sud encore, le bassin d’Arcachon, et le Cap-Ferret offrant son air de dolce vita estivale. Bonnes vacances ! D O S S I E R R É A L I S É P A R C L I O B A Y L E , P H I L I P P E B O U R G E T , S O P H I E D E N I S , V I N C E N T N O Y O U X , D O M I N I Q U E R O G E R CÔTE ATLANTIQUE
Francis Leroy / hemis.fr
Jean Guichard
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CORDOUAN, LE PHARE DES LUMIÈRES
Cordouan, le plus vieux et le plus majestueux des phares de France, fête ses 410 ans. Élevé au début du xvii e siècle sur un plateau rocheux à 7 km des côtes, il est restauré sous Louis XV avant d’être rehaussé en 1789 pour atteindre 68 m de haut. Outre être le doyen et l’un des plus hauts phares d’Europe, celui que l’on surnomme « le phare des rois » a réussi à résister aux guerres et aux tempêtes. Conçu pour sa fonction utilitaire de balise maritime pour les navigateurs, Cordouan se devait aussi d’être un emblème fort de la monarchie. Pour visiter ce trésor de la mer, embarquez à marée basse depuis Royan, le Verdon- sur-Mer ou Meschers-sur-Gironde. Après 30 minutes de traversée, vous passez la poterne d’entrée, le bastion circulaire et le portail sculpté, vous découvrez un lieu raffiné. Sol en marbre, parquet en chêne massif, lettres « LMT » entrelacées et sculptées sur les arceaux en hommage au Roi-Soleil et Marie-Thérèse d’Autriche, une chapelle éclairée de vitraux ( xvii e siècle) et surmontée d’une coupole bleu azur et blanche. Contrairement aux escaliers des autres phares, l’escalier en colimaçon de Cordouan est monumental et possède des paliers. L’ascension jusqu’au balcon de la lanterne compte 311 marches qui desservent l’appartement du roi, la salle des Girondins et les paliers des 4 e et 5 e étages. L’ascension se termine par le balcon de lanterne. Automatisé depuis 2021, son système optique est d’une portée de 40 km émettant trois battements en douze secondes. Enfin, le phare de Cordouan est le seul phare en France à être encore habité par des gardiens. Ces heureux locataires se nomment Thomas Dalisson et Benoît Jenouvrier. phare-de-cordouan.fr
MARAIS POITEVIN, FRAGILE JARDIN DE LA SÈVRE NIORTAISE Deuxième zone humide de France après la Camargue, ce territoire de 100 000 hectares ne se limite pas à sa seule « Venise verte ». Espace fragile, au croisement d’enjeux agricoles et écologiques, il se découvre aussi sous l’angle naturaliste. La baie de l’Aiguillon découvre à marée basse sa multitude de ridelles de vase. Au nord, la Sèvre niortaise déverse son trop-plein dans l’océan tandis que les « mizottes » (prés-salés) hésitent au premier plan entre terre et mer. C’est ici qu’il faut entamer la découverte du marais, dans ce golfe bordé des pointes de l’Aiguillon et de Saint- Clément. Liés hydrauliquement et historiquement, baie et marais le sont aussi biologiquement, 120 000 oiseaux stationnent dans l’Aiguillon l’hiver venu. Il existe deux grands pôles touristiques dans le marais, les 18 000 hectares de la Venise verte et le secteur des plages de la Tranche- sur-Mer et de la Faute-sur-Mer. De Marans, petite capitale charentaise du marais, c’est à vélo sur les pistes de la Vélo Francette ® , que vous vous échappez plein est le long de la Sèvre niortaise et de ses canaux. Maisons basses chaulées à volets bleus, saules pleureurs flirtant avec l’eau des chenaux, petits vergers et passerelles, îlots boisés… il règne sur ces terres flottées la candeur proverbiale des pays d’eau. Au bout de 20 km, l’itinéraire bute sur les écluses de Bazoin, angle ouest de la Venise verte, la plus sauvage. La communauté de communes y a ouvert un embarcadère, histoire d’embarquer à bord d’une maraîchine ou une canette (barques à fond plat). Il faut choisir ce départ pour son isolement, loin des foules du « terminal » de
Coulon, côté Deux-Sèvres. pnr.parc-marais-poitevin.fr
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Philippe Roy / Détours en France
EN VOL AU-DESSUS DE LA DUNE DU PILAT Faire du parapente au-dessus de la dune du Pilat est une expérience mêlant sensations fortes et sentiment d’apaisement. Depuis la dune, pas de grand saut dans le vide, ni de falaises vertigineuses. Le décollage se fait quasi imperceptiblement et l’ascension est progressive. Aussi, cette expérience en parapente, qui vous offre le même coup d’œil que celui d’un goéland, vous fera voir le bassin comme vous ne l’avez jamais vu. Porté en douceur par les courants thermiques, seuls les chuintements aérodynamiques de l’air sur la toile se font entendre… Là, sous vos pieds, le regard s’affole sur les passes du bassin (du Chien, du Bernet, du Toulinguet…) où bouillonnent de violents courants, sur le banc d’Arguin vibrant de centaines d’oiseaux de mer, sur la pointe du Cap-Ferret, sur la canopée de la pinède née sous Napoléon III et, bien sûr, sur la dune dont vous frôlez les hautes pentes. D’un courant ascendant (thermique ou dynamique) l’autre, l’aile s’élève toujours plus haut. Une fois l’altitude maximale atteinte (environ 70 m au-dessus du niveau de la mer), la vue se dégage jusqu’à Biscarrosse, dans les Landes, à plus de vingt kilomètres de là. Les conditions météorologiques sont variables au-dessus de la dune et peuvent changer assez vite. Un vol idéal se fait par un vent compris entre 20 et 35 km/h, orienté ouest à nord/nord-ouest. À la belle saison, les brises thermiques de l’après-midi permettent de rester très longtemps en vol. Entre Pâques et la fin septembre, de nombreux adeptes du vol libre s’envolent depuis la crête de la dune. waggaschool.com
Philippe Roy / Détours en France
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NOIRMOUTIER
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Reliée depuis 1971 par un pont, l’île de Noirmoutier n’est séparée du continent que par le détroit de Fromentine, lui-même traversé par une longue chaussée submersible. Entre sa tête de granit au nord et son cordon dunaire au sud, les marais salants dessinent des paysages d’une incroyable variété. Lumière dorée, chaleur douce, pistes cyclables désertes… flânerie paisible à bicyclette entre plages, bois et marais. NOIRMOUTIER : LE GRAIN DE SEL VENDÉEN
T E X T E D E V I N C E N T N O Y O U X - P H O T O G R A P H I E S D E H E R V É R O N N É
« L’île, ça commence avant l’île. Bien avant. Qu’on soit îlien, continental, marin, aventurier, naufragé, pirate, migrant, guerrier, touriste, commer- çant, poète, pêcheur ou prêtre. L’île, c’est d’abord le voyage vers l’île, voyage qui a toutes les saveurs possibles, du saignant au suave, de l’incertain au familier. » L’écrivain et grand voyageur Hervé Hamon a bien raison. Aussi, comment pourrait-on aborder une île autrement que par lamer? Noirmoutier a son pont, dites-vous? Faites comme moi, ignorez jusqu’à son existence! De Beauvoir-sur-Mer, la route du Gois vous dépose passage du Gois. Cette chaus- sée submersible de plus de quatre kilo- mètres de long est un véritable trait d’union, quelques heures chaque jour, entre l’île et le continent. Au départ, ce n’était qu’un passage à gué à la ren- contre des courants de la baie de Bour-
Route « sous la mer » longue de 4,2 km, le passage du Gois relie, à marée basse, Beauvoir-sur- Mer, sur le continent, à l’ île de Noirmoutier. Page de gauche, en haut : Le village de Vieil a accueilli le tournage du film César et Rosalie, de Claude Sautet, en 1972.
Les 48 hectares dumarais de Müllembourg, site d’observation remarquable géré par la Ligue protectrice des oiseaux avec la commune de Noirmoutier, abritent de nombreuses espèces végétales et animales. rejoindre le continent! Jusqu’en 1971, le Gois était le moyen le plus simple pour accéder à Noirmoutier. Depuis le milieu du xix e siècle, le chemin avait été stabilisé par la main de l’homme, puis empierré vers 1920 pour faire passer les premiers camions américains res- capés de la Première Guerre mondiale. À la fin des années 1930, le chantier en chargede sondallage aduréquatre ans, les ouvriers ne pouvant travailler qu’au rythme des marées soit quatre heures et demie par jour. Aujourd’hui, les dalles ont été remplacées par du bitume… pour permettre au Tour de France de rouler en plus grande sécurité! Neuf balises-refuges, des « mâts de perro- quets », ont été installées afin de secou-
gneuf et le goulet de Fromentine. On en trouve la première trace écrite dans un fait divers: l’évasion d’otages déposés sur l’île par les Vikings en 848… qui ont profité de la marée « retirée » pour
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ÉCHAPPÉES BELLES
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Noirmoutier dispose de 83 km de pistes cyclable, qui permettent de découvrir l’ île sous tous ses aspects : des marais salants que l’on peut longer à l’espace préservé du polder de Sébastopol en passant par le château dont les remparts offrent une vue panoramique sur la mer.
longtemps pour rejoindre à vélo, plein nord, Barbâtre puis La Guérinière. Sur le port du Bonhomme, les trac- teurs tirent des remorques chargées de poches à huîtres. Dans leur sillage, des mouettes et une bonne odeur d’iode. Noirmoutier compte une trentaine de conchyliculteurs. Sur les parcs, l’acti- vité va croissant car les huîtres sont attendues sur les tables de Noël. Sur son chaland (barque à fond plat), Éric Fouasson raconte son métier, avec pas- sion forcément. « En été, les huîtres sont en pleine période de reproduction. À l’au- tomne, on brasse les huîtres pour les dur- cir et les décoller de la maille des pochons en frappant les coquilles à grands coups de bâton, l’eau à mi-cuisses. À partir des grandes marées, on pêche les huîtres de Noël. On les trie, on les calibre, puis on les remet en mer jusqu’aux fêtes. On n’aura plus alors qu’à les mettre en bourriche. » Une aigrette se promène entre les ran- gées de tables. Au loin, les pêcheurs à pied qui s’égaient sur le banc de sable du côté de Fort Larron font des taches colorées dignes d’un tableau pointilliste. >
prudence absolue, consulter les pan- neaux indicateurs de part et d’autre du Gois avant toute traversée… PÊCHE HU Î TR I ÈRE MI RACULEUSE Àmoins d’un petit vent de face qui frei- nera vos coups de pédale, il ne faut pas
rir les automobilistes, pêcheurs à pied (les parages sont riches en palourdes et coques) et autres piétons qui se seraient aventurés sans s’enquérir des indispensables horaires de marées. Selon les coefficients, la hauteur d’eau peut atteindre quatre mètres. Donc,
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Dans le centre-ville, arpentez la Grande Rue, zone commerçante idéale pour la flânerie et le shopping, avant de vous perdre dans le dédale des charmantes ruelles du bourg.
Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr
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Ci-dessus et ci-contre : Au nord de l’île, près du bourg de Vieil, la plage de Mardi-Gras, très agréable pour la baignade, est également appréciée pour la pêche à pied à marée basse.
Ci-contre, à droite : Maisons typiquement vendéennes aux murs blanchis à la chaux et aux volets bleus, dans la rue de la Chevalerie.
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La commune de Noirmoutier est située au nord, sur la partie la plus large de l’ île, sur un îlot rocheux anciennement appelé île d’Her.
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L’ EMPRE I NTE DES JACOBSEN À Noirmoutier-en-l’Île, les ruelles du quartierdeBanzeauinvitentàlaflâne- rie. Les maisons de chaux blanches se font toutes petites le long de venelles où poussent agapanthes, lavandes, griffes de sorcière. Ici, saint Philbert fonda en 674 une abbaye qui encouragea l’exploi- tation des marais salants. Non loin, l’hôtel Jacobsen, ouvert l’an dernier, nous raconte une autre histoire: celle de la famille de négociants-armateurs Jacobsen, à l’origine de la chaussée Jacobsen et des polders de Müllem- bourg.Onendéduirait facilementqueles Jacobsen venaient de Hollande. « Faux! rétorque Vincent Cristofoli, en charge du Centre des patrimoines. Le premier d’entre eux, Cornil, arrivait de Dunkerque. Les Jacobsen n’ont pas inventé les pol- ders, on en faisait avant eux à Noirmoutier. Mais, ils ont beaucoup fait pour assécher les terres et les transformer en marais salants. » Leur prospérité éclate dans l’architecture du bâtiment, construit en 1761 : le vestibule aux colonnes ioniques, l’élégant escalier de tuffeau, les boiseries et les papiers peints aux décors raffinés. À la même époque, les Noirmoutrins vivaient encore sous leur toit de chaume… L’hôtel Jacobsen abrite un centre des patrimoines mari- times qui permet de comprendre l’his- toire maritime de l’île. La chaussée Jacobsen est devenue la promenade dominicale favorite des Noirmoutrins. D’un côté, la réserve ornithologique du marais de Müllembourg, de l’autre, les beaux quillards mis en hivernage. Puis le cimetière des vieux bateaux aux coques vermoulues, échouées dans la salicorne. Spectacle plus mélancolique encore au soleil couchant…
La rive nord du port de Noirmoutier, appréciée des touristes et des promeneurs, est bordée de commerces et restaurants tandis que la rive sud est une zone d’ostréiculture active, où sont également installés la coopérative de sel et les ateliers de construction et de réparation navale.
DOLCE V I TA OCÉANE Depuis Noirmoutier-en-l’Île, une petite route vous emmène à la pointe des Dames et ses plaisirs balnéaires. Règne entre le Bois de la Chaise (où Auguste Renoir posa son chevalet en 1892), la plage de Dames et son esta- cade, la pointe des Souzeaux, une atmosphère digne des Vacances de Monsieur Hulot. Des pêcheurs taquinent le mulet sur l’estacade. Les cabines de plage blanches sont occupées par
les familles. Les baigneurs s’offrent une sieste à l’ombre des chênes verts, arbousiers et pins maritimes du Bois de la Chaise, avant de repiquer une tête ou de grimper sur leur planche de paddle dans la ravissante Anse rouge. Quit- tez cette dolce vita océane pour un peu d’exercice. À vélo, rejoignez le village du Vieil. La plage de Mardi-Gras garde le souvenir de Romy Schneider dans le film qu’y tourna en partie Claude Sau- tet, César et Rosalie (1972). En face, les maisons de Pornic, sur le continent, semblent bien loin. On zigzague dans des ruelles silencieuses flanquées de maisons basses. On rejoint le port de L’Herbaudière par la plaine agricole tracée de sillons impeccables. C’est ici que pousse la célèbre « bonnotte », la pomme de terre noirmoutrine. La plage de Luzéronde est toute proche, immense, déserte. Une aubaine! Juste derrière s’étendent les marais salants. Inscrits dans le paysage depuis le vii e siècle, ils occupent près du tiers de la surface de l’île et font vivre 130 sau- >
Telle la plage de Mardi-Gras, dont elle assure la continuité, la grande plage de la Clère est située entre Le Vieil et le Bois de la Chaise.
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NOIRMOUTI ER COMPTE UNE TRENTAINE DE CONCHYLICULTEURS. SUR LES PARCS , L’AC T IVI TÉ VA CRO ISSANT CAR LES HU Î TRES SONT AT TENDUES SUR LES TABLES DE NOËL . SUR SON CHALAND, ÉRIC FOUASSON RACONTE SON MÉTI ER , AVEC PASSION FORCÉMENT.
Situé à La Guérinière, sur la partie la plus étroite de l’île, le port ostréicole du Bonhomme est constitué de cabanes à huîtres, dont certaines sont des points de vente et de dégustation, et d’une cale d’accès à la mer. Il abrite une partie des producteurs d’huîtres, tandis que d’autres sont implantés dans le polder. Ci-dessus : L’ostréiculteur Éric Fouasson sur son chaland (barque plate) et ci-contre dans son parc. Sa production d’huîtres est conditionnée dans des pochons en maille.
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PARLEZ-VOUS LE « SAUNIER » ? Ejabier, reborjer, mirouner, dégâter, sessoyer… le vocabulaire des travailleurs du sel est si riche qu’on s’y perd. Distinguons la vive (premier bassin de concentration) où l’eau contient 30 grammes de sel par litre, de l’œillet, bassin final où elle atteint 270 grammes. Les vettes (levée d’argile) délimitent les bassins intérieurs de la saline. Les bossis (talus de vase) séparent bassins et fossés. Les essèpes sont des pierres plates plantées à l’entrée des prés et percées de trois trous dans lesquels on enfonçait des barres de bois pour clore un pâturage. Après avoir tiré le sel à l’ételle (pour le gros sel) ou à la lousse (pour la fleur de sel), on l’entrepose dans la salorge (grenier à sel). Enfin, laissez les paludiers à Guérande. Au sud de la Loire, on parle de saunier !
+ Office de tourisme de l’île de Noirmoutier Rue du Polder, 85630 Barbâtre. 0251398071 ; ile-noirmoutier.com Y aller Par le pont à partir de la Barre-de-Monts, 85550 (gratuit), par le Gois à partir de Beauvoir-sur-Mer, 85230. Ne franchir ce passage qu’à marée basse (le franchissement est possible 1h30 avant et 1h30 après la marée basse). le polder Sébastopol, marécage pro- tégé de la mer par une digue. L’avocette élégante, la sterne, le chevalier gam- bette, la tadorne de Belon passeront l’hiver dans les hautes herbes fauves de cette réserve naturelle de 132 hectares. Sur la plage du Court, d’où l’on aperçoit l’île d’Yeu, se dressent trois moulins aux toits pointus. L’un, le moulin Nicou, appartenait, au couple Jacques Demy et Agnès Varda, qui y avait planté ses racines artistiques et familiales. Pas étonnant, car ici, vous entendrez sou- vent les îliens dire, quand une racine prend à Noirmoutier, elle a toutes les chances d’y prospérer…
pyramides blanches attendent d’être ramassées. Les sauniers de la coopé- rative de Noirmoutier-en-l’Île en font une jolie montagne d’or blanc, appelée coloï. La pesée de 2019 a dépassé tous les espoirs: 4200 tonnes, record battu! Ce sel riche en potassium et magné- sium sera vendu d’ici trois ans. Belle revanche pour le sel noirmoutrin qui manqua de disparaître il y a trente ans: on ne comptait que 25 sauniers dans les années 1980… À l’horizon, la baie de Bourgneuf baigne dans une mer d’un beau turquoise laiteux, nuancé de vert. Tout à côté, la vie a repris son cours sur
niers. La bicyclette traverse la géo- métrie parfaite des œillets tracés au cordeau. C’est sur ces bassins d’eau de mer que se cristallise le sel. Hervé Zarka est l’un de ces alchimistes de l’or blanc. Tel un funambule sur sa vette (levée de terre délimitant les bassins), il manie, du matin au soir, l’ételle (outil pour ramasser le gros sel) ou la lousse (écumoir pour ramasser la fleur de sel). « Ce geste, c’est lemême depuis 1300 ans. Brasser le sel pour ne pas qu’il colle au fond d’argile, le tirer sous le soleil, bercé par le bruit du vent, avec les oiseaux pour voisins. C’est une magie… » Ici et là, des
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P R O D U I T
Soleil Noir / Photononstop
Bonne note pour la « bonnotte »! Qu’a-t-elle de différent cette « bonnotte » pour faire tourner la tête des chefs et des gourmets? Il existe cinq variétés de pommes de terre cultivées sur l’île. Récoltées uniquement au printemps et jusqu’à fin juillet, ce sont les premières pommes de terre qui arrivent sur le marché. La plus célèbre, la bonnotte, est également la première à être ramassée, dès le 1 er avril et ce, jusqu’au 20 juin. Elle précède la récolte des autres variétés de pommes de terre primeur, cultivées sur l’île : la charlotte, la sirtéma, la lady christ’l et la iodéa. Toutes ces primeurs sont produites, depuis 1945, sous la houlette de la Coopérative agricole de Noirmoutier. La bonnotte fait l’objet de beaucoup d’attention : la terre est fumée au goémon à l’automne, il faut planter en février et récolter au printemps. Elle est de petite taille, parfaitement ronde, avec une peau douce et fine. Sa saveur unique – chair tendre et fondante, petite pointe de sucré et de châtaigne –
L A P O M M E D E T E R R E N O I R M O U T R I N E T E X T E D E D O M I N I Q U E R O G E R
elle la doit avant tout au climat et le sous-sol sous lesquels elle pousse : l’hiver doux la met à l’abri des gelées et des vents d’ouest ; les étés sont tempérés avec des pluies rares ; le sol léger et sablonneux est enrichi par le goémon. La bonnotte cultivée sur 5 ha ne produit que 100 tonnes, d’où son prix qui parfois affole les porte-monnaie ! Tous les ans, au début du mois de mai, se déroule une « Fête de la bonnotte ». Les Noirmoutrins sont dans les champs pour une cueillette collective (on n’arrache pas les patates !) dont le moment climax est la dégustation, avec quelques sardines grillées, d’un banquet festif.
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Au sud de l’île, à l’abri d’une crique enclavée entre deux falaises, vu d’en haut, le pittoresque port de la Meule, jonché de cabanes de pêcheurs et de petites embarcations colorées.
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L’ILE D’YEU : BALADES MARINES
C’est un morceau d’Armorique au large de la Vendée. Avec ses 23 km², l’île d’Yeu n’est pas bien grande, mais ses paysages voient grand. Rien de commun entre les clairières champêtres de l’intérieur de l’île, les falaises rocheuses battues par les flots de la côte sauvage, et les douces dunes de la côte nord-est. À l’heure du zéro carbone, l’île d’Yeu se prête à la balade à pied et à vélo. La preuve en trois balades pour redécouvrir la plus bretonne des îles vendéennes.
T E X T E D E V I N C E N T N O Y O U X
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À l’extrémité ouest de l’île, la pointe du But tient toutes ses promesses : le vent souffle fort et des rouleaux furieux viennent se fracasser sur les Chiens Perrins, hauts fonds responsables de bien des naufrages… De cette balade qui promet d’être tonique, vous garderez un excellent souvenir… au goût salé et iodé ! RANDONNÉE IODÉE AU FIL DE LA CÔTE SAUVAGE
Sur son éperon rocheux depuis le xiv e siècle, cerné d’une mer qui oscille entre vert, bleu et turquoise, le Vieux Château, accessible par un pont dormant qui mène à un pont-levis, donne à la côte sauvage des allures de décor de cinéma.
Là commence la randonnée sur la côte ouest en suivant le GR80 ® . Ce sentier fait le tour de l’île en 27 km (compter deux jours de randonnée), mais on peut n’en parcourir que des tronçons grâce à cinq autres itiné- raires de petite randonnée, prévus en boucle (de 7,6 à 10,5 km). La sente des Oyes (9,2 km) permet ainsi de voir l’essentiel de la côte sauvage au départ du Grand Phare. À 30 minutes de cette vigie de 41 mètres de haut, la jolie plage des Sabias n’est qu’à une demi-heure de marche. Les Islais apprécient particulièrement ce crois- sant de sable abrité par la pointe du
Châtelet. Les cabines sur la plage racontent les étés ensoleillés et les baignades dans les vagues bleu vert.
Tout autour, la lande règne sur la côte escarpée, creusée de criques. L’asphodèle y pousse en champs sau-
Une maison traditionnelle, du côté de la plage des Sabias, au nord-ouest de l’ île.
Philippe Roy / Détours en France x 3
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vages, et le quartz y affleure. Une série de petites anses sableuses ou rocheuses nous sépare du Vieux Châ- teau. Cette forteresse du xiv e siècle, qui a défendu l’ île contre les Anglais, est toujours solidement accrochée à son éperon rocheux. LA PROTECTR I CE DES MAR I NS La plus belle portion du GR80 est ici, entre la plage des Sabias et le port de la Meule . Des chaos rocheux forment des promontoires spectacu- laires, la mer hésite entre le vert, le
BI ENTÔT, LA SI LHOUETTE DE LA CHAPELLE NOTRE- DAME-DE-BONNE-NOUVELLE APPARAÎT, DOMINANT LE CHARMANT PETIT GOULET DU PORT DE LA MEULE .
d’amer. On venait autrefois y égrener son chapelet à la lueur des cierges pour les marins qui tardaient à rentrer au port. Désormais, la navigation en mer est plus sûre et l’on ne parle plus de naufrages au port de la Meule, mais de la pêche du jour. On refait le monde dans les cabanons peints aux surnoms cocasses (Marmite, P’tit Pote, Parti au bar), devant les annexes posées contre les rochers. D’ici, on peut rejoindre l’ancien village de caseyeurs de La Meule. Passé la chapelle Notre- Dame-de-Bonne-Nouvelle et la quasi déserte plage des Fontaines, le che- min conduit à la plage des Soux, le bijou nature de l’île d’Yeu. Imaginez du sable blond et fin au bas de falaises, une eau limpide, une verrue granitique s’avançant vers l’océan et coupant en deux cet écrin: sous le soleil, il flotte ici un air des tropiques ! + Office de tourisme Rue du Marché, 85350 L’ île d’Yeu. 0251583258 ; ile-yeu.fr
bleu roi et le turquoise, l’air iodé et le parfum miellé de la lande enivrent… Bientôt, la silhouette de la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvel le apparaît, dominant le charmant petit goulet du port de la Meule. Cette cha- pelle blanche, comme échappée des Cyclades grecques, a longtemps servi
La chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, bâtie face à la mer au xi e siècle et restaurée au fil du temps, surplombe le port de la Meule depuis un millénaire.
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Ici, le moyen de locomotion roi, c’est la petite reine! Pédaler est un bonheur qui demande peu d’efforts, tant aux reliefs plats s’ajoutent une multitude de petites routes tranquilles – sauf au cœur de l’été lorsque la population flirte avec les 30000 personnes – et chemins bien entretenus. CIRCUIT EN ROUE LIBRE DE SAINT-SAUVEUR À LA POINTE DES CORBEAUX
L’une des plus belles escapades explore l’est de l’île au départ de l’église de Saint-Sauveur, dans le village du même nom, jadis capitale de l’île. Cette église romane tout de granit gris, dont la tour-clocher ser- vait d’amer aux navigateurs, possède dans l’abside sud, de belles fresques, découvertes en 2013, et restaurées en 2017. On y voit notamment une dévotion à saint Nicolas, un des saints patrons des marins. Il faut baguenau- der dans les ruelles de Saint-Sau- veur pour comprendre ce qui y séduit tant les citadins aisés, propriétaires de nombreuses villégiatures. Des murets de granit maillent le village et enserrent des jardins soignés où poussent palmiers, figuiers et gre- nadiers. Les maisons peintes à la
chaux arborent de volets élégamment colorés et les toits respectent la tra- dition : tuiles tige de botte pour tout le monde ! La plage des Vieilles arrive après seulement quelques coups de pédale sur une route en pente douce. Les estivants adorent se délasser sur cette superbe plage parsemée de rochers. Les locaux y voient un « petit seizième », mais on ne remarque plus guère de monde derrière le bou- quet de cyprès : c’est là que se cache le port miniature des Vieilles. Plus loin encore vers l’ouest se trouve la plage des Soux, notre préférée avec son éperon rocheux qui la sépare en deux. Par le chemin de la Couronne, on bifurque sur un sentier sableux qui longe la côte. Une émouvante stèle en mémoire des naufragés du
Sequana, sculptée par Arnaud Kas- per, rappelle un épisode douloureux de l’ île. Le 8 juin 1917, un sous-marin allemand torpilla au large de l’ île d’Yeu ce paquebot qui avait à son bord 655 personnes, et dont 198 tirailleurs sénégalais en partance pour le front périrent. À 4 km de Saint-Sauveur, la pointe des Corbeaux n’est plus très loin. Le phare à la coupole rouge marque l’extrémité sud de l’ île. Ici, on bascule de la côte sauvage (ouest) vers la côte « vendéenne » (nord- est), plus douce et sableuse. Le vent pousse l’écume des vagues frappant la côte ouest vers les plages du nord- est. On fait aussi l’expérience de la rotondité de la Terre grâce au pano- rama à plus de 180°, de toute beauté en fin de journée.
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Dans son écrin de roches sculptées, la magnifique plage de Soux, que l’on reconnaît à l’éperon rocheux qui la coupe en deux, a tous les atouts du spot paradisiaque, de sa crique de sable blond à son eau limpide et turquoise.
+ Compagnie Yeu Continent 0251495960; yeu-continent.fr
La compagnie maritime assure depuis 70 ans des liaisons quotidiennes avec l’île d’Yeu. Durée 30 min. 41,10 € A/R par personne. Existe un forfait avec traversée, location de vélo, pique-nique et hébergement.
L’église romane Saint-Sauveur, bâtie en granit entre les xi e et xii e siècles, a été entièrement restaurée en 2015. Ci-contre: Saint-Sauveur, village typique, aux charmantes ruelles et maisons blanches aux volets colorés.
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Derrière les maisons typiques de la rue Jean-Simon- Chassin, sur les hauteurs de Port-Joinville, se dresse le singulier clocher de l’église Notre-Dame-du-Port ( xix e siècle), surmonté d’un campanile à bulbe.
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Port-Joinville, sa gare maritime, son quai où s’alignent les cafés, ses boutiques. Est-ce tout? On aurait tort de déguerpir trop vite du port de l’île. Le monde semble s’y être donné rendez-vous. PORT-JOINVILLE ET LA DOUCEUR DE LA CÔTE VENDÉENNE
Le quai du Canada rappelle que l’île a été libérée par les Canadiens le 26 août 1944. Sur la place de la Nor- vège, un monument a été érigé en hommage aux six marins islais qui ont péri en mer en allant porter secours à l’ Ymer, un cargo norvégien coulé par un sous-marin allemand en 1917. Il fait bon flâner du côté de la rue du Secret, enfilade de façades blanches aux volets multicolores d’où surgit, incongrue, la coupole verte du petit phare desMariés. Un phare au milieu des maisons… Sur le quai Carnot, on fait la queue devant la fourgonnette orange d’Alain Mous- nier. Les tartes aux pruneaux partent comme des petits pains. Cette spécia- lité islaise a une histoire qui remonte à l’époque où Port-Joinville s’appelait Port-Breton. Les marins de l’île d’Yeu qui cabotaient le long des côtes jusqu’en Gironde rentraient avec du vin de Bor- deaux dans leurs cales, mais aussi des produits rares comme la cannelle, le rhum… et les pruneaux. La tarte islaise était née, décorée de croisillons de pâte, offerte pendant les noces à ceux que les familles des époux ne pouvaient inviter.
Les ruelles lumineuses dévoilent jusqu’au port des maisons blanches multicolores et aux tuiles orangées typiques des habitats traditionnels de l’ île. Aujourd’hui, le port de plaisance est entouré de boutiques, terrasses et restaurants. et basses, aux volets
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sable, l’ombre rafraîchissante des pins maritimes et des cyprès, auxquels se mêlent bouleaux et chênes verts. Plage des Sapins, de la Petite Conche, des Ovaires (pour « eaux vertes »)… les plages se font plus sauvages, mais tou- jours sableuses, en approchant de la pointe de Corbeaux. Ici, règnent l’oyat et le chardon. Au large, les filières (éle- vage en suspension) des mytiliculteurs. Derrière la dune, le fort de la Grande Conche (ou fort Neuf), une batterie de défense côtière bâtie vers 1860, semble enfoncé dans la lande. Au-dessus de nous, des cirrus dans le ciel immense. Le bout du monde, à 7 petits kilomètres de Port-Joinville… + Good Bike 2 rue Calypso, 85350 Port-Joinville. 0782228915 ; velo-goodbike.com Location de vélos hollandais, VTT, électriques… à la sortie du port. À partir de 12 €/jour. Ouvert du 1 er avril au 30 sept.
Autre gourmandise locale, le betchet, biscuit sec apprécié des marins car il se conserve plusieurs jours en mer lors des longues traversées. Rassasié, on peut enfin quitter Port-Joinville, de préférence à bicyclette. Dès Ker Châ- lon, la côte déroule sa série de plages bien abritées des vents dominants, qui font face à la côte dite de Lumière, sur le continent. D’ailleurs, tout ici rap- pelle la côte vendéenne: les dunes de
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Le Vendée Globe a donné depuis bientôt trente ans une grande visibilité à la cité, devenue la référence de la voile en plus d’être une station balnéaire vivante. Active, touristique, elle est aussi, au-delà de la course au large et de la plaisance, un port de pêche et de commerce. Découverte de l’identité de la seconde ville vendéenne entre Les Sables et La Chaume. LES SABLES-D’OLONNE : L’OCÉAN POUR TÉMOIN
T E X T E D E V I N C E N T N O Y O U X - P H O T O G R A P H I E S D E T U U L E T B R U N O M O R A N D I
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La jetée de la ville du Vendée Globe, lieu de promenade paisible avec l’horizon en ligne de mire, a été construite en trois temps dans l’ancien quartier de pêcheurs, entre le milieu du xviii e siècle et le milieu du xix e siècle, tandis que celle de son petit phare en pierre de taille de granit s’est achevée en 1910.
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LES SABLES-D’OLONNE
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Repérable de loin avec sa haute tour carrée, le Palazzo Clementina, construit sur le Remblai par l’architecte sablais Charles Charrier en 1919, est une extravagante maison de villégiature Belle Époque qui mélange les styles, entre palais italien et édifice néogothique où s’invite l’art nouveau.
Pour comprendre la vocation mari- time des Sables-d’Olonne, il faut se rendre… dans les terres, à Olonne- sur-Mer. Le nom vient du celte Olona (au-dessus de l’eau) car ce fut long-
Sel, vin du pays de Brem et céréales y transitaient. La création de marais salants dès le vii e siècle fera la richesse d’Olonne, mais aussi sa sécurité car on s’y réfugiait en cas de tempête ou d’at- taque. C’est à vélo que l’on découvre le mieux les marais d’Olonne et les ves- tiges qu’ils renferment : ancien village de saunier de la Bauduère; maisons des sauniers qui ont conservé leurs « balets » à La Girvière. Un petit che- min mène à l’ancien port : le sel était transporté, stocké sur des tasseliers, puis chargé sur des voiliers qui remon- taient la « Chnoue » (chenal) jusqu’à la mer, direction l’Europe du Nord. Olonne prospéra jusqu’à ce que son envasement oblige les commerçants à se replier vers un de ses quartiers maritimes mieux situé: les Sables. Au xvii e siècle, cette ville nouvelle devien- dra le premier portmorutier de France. L’un des plus beaux immeubles de la ville est situé sur la promenade George-Clemenceau, le long du Remblai.
temps le seul endroit qui dominait la mer. Le petit havre d’Olonne fut un point d’escale pour les Phéniciens sur la route de l’étain, puis un carre- four important sous l’Empire romain.
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