Détours Villages 2021
pendant les guerres de Religion. Quatre ans après s’en être emparé, Geoffroy de Vivans a dû la rendre aux troupes catho- liques. Une histoiremouvementée, donc, mais une situation plutôt prospère pen- dant plusieurs siècles, car Domme avait la fibre du commerce et organisait plu- sieurs foires par an. Le déclin vint avec le xviii e siècle. DES TEMPLIERS ENFERMÉS DANS LES TOURS Domme a gardé son enceinte, dont la porte des Tours est le fleuron, avec ses deux tours rondes percées de meurtrières et ses pierres tail- lées que l’effet de bossage rend plus impressionnantes encore. C’est là qu’en 1307, 70 Templiers venus du Limousin, des Pyrénées et de la Charente ont été enfermés. Ils ont laissé dans leurs geôles des graffitis, crucifix sculptés et
Sur la place des Halles , très belle avec son mur-clocher, l’église Notre-Dame-de- l’Assomption ( xvii e siècle) fut bâtie avec les pierres de l’ancienne église détruite en 1589.
cher des matériaux pour construire. Le cœur de Domme bat autour de la vaste place de la Halle, dans un écrin de façades couleur miel. La halle du xvii e siècle en impose avec ses gros piliers de pierre qui soutiennent un balcon de bois rustique. À l’intérieur, une curiosité, l’entrée d’une grotte. Sous la barre rocheuse, à 20 mètres de profondeur, courent 450 mètres de galeries creusées par une rivière sou- terraine. L’existence de cette grotte, qui permit sans doute aux habitants de se cacher pendant les périodes troublées, avait été oubliée jusqu’en 1912, quand des enfants découvrirent par hasard un petit conduit dans la falaise. Des tra- vaux ont été entrepris pour dégager
signes géométriques qui ont donné lieu à des interprétations souvent fantai- sistes. Qu’importe, 700 ans plus tard, ces signes interpellent toujours le visi- teur. L’enceinte comporte deux autres portes toujours visibles au sud, la porte de la Combe qui donnait accès aux fontaines, et la porte Delbos, du bois, empruntée par ceux qui allaient cher-
LE PÈRE DE JACQUOU Une rue de Domme porte le nom d’Eugène Le Roy et une maison le souvenir de son passage. Né à Hautefort en 1836 d’un couple de domestiques, mort et enterré à Montignac en 1907, ce Périgourdin a passé quelque temps dans la bastide, alors qu’il était percepteur. Anticlérical, républicain convaincu et franc-maçon, il a écrit des romans de terroir dont Jacquou le Croquant (1899), le plus connu, récit de la révolte d’un petit paysan contre les injustices dont a été victime son père, de la Restauration à la fin du xix e siècle. Le combat de Jacquou, c’est celui d’Eugène, qui toute sa vie prit le parti des opprimés.
Dans les rues de Domme, ici celle de la porte Delbos, les magnifiques maisons en pierre blonde côtoient les échoppes et petits ateliers d’artisans.
Bertrand Rieger / Détours en France x 3
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