Détours Villages 2021
Surplombant la Somme, l’élégant château de Long ( xviii e siècle), la « Folie de Buissy », réhabilité dans les années 1960, est entouré d’un parc de 20 hectares, d’un étang et d’un petit bois.
Stéphane Bouilland / hemis.fr
ong: grande église, beau château, sa tête dans les champs, les pieds dans l’eau. » Voilà un joli dicton local qui ne rend pourtant pas compte de la diversité des charmes de cette pim- pante petite cité au sud- est d’Abbeville. Un coteau verdoyant, de solides mai- sons picardes, la silhouette élégante d’une folie du xviii e siècle qui se mire dans les eaux vertes de la Somme et de son canal… le décor est planté. Reste à dérouler les pages de la riche histoire de ce village d’à peine plus de 600 habitants. L
LE SAUVETAGE D’UNE FOLIE Commençons par le château dont les Longiniens sont, à juste titre, si fiers. Tout en pierre blanche et brique rose, il sortit de terre en 1733, com- mandé par le comte Charles de Bussy pour les beaux yeux d’une certaine Adélaïde. Les travaux s’étalèrent sur dix ans, sans doute la belle se lassa... Le comte avait vu grand, choisissant les meilleurs architectes de l’époque comme Germain Boffrand, maître d’œuvre de l’hôtel de Soubise à Paris. Le résultat est un bijou d’élégance avec son corps de logis à deux étages, coiffé de toits à la Mansart. L’intérieur
dispose notamment d’un grand salon lumineux décoré de douze trumeaux représentant les signes du zodiaque. Il s’agit de copies, les originaux ayant été vendus, puis égarés pendant plu- sieurs années dans des caisses sur le port du Havre. Le château compte aussi un parc immense, peuplé de sta- tues, agrémenté d’une orangerie, d’un colombier, d’un étang, d’une glacière et de serres magnifiques au pied du canal. Le château a beaucoup souffert de l’oc- cupation allemande en 1940, certains soldats n’hésitant pas à rentrer dans les lieux en side-car après avoir brûlé les fenêtres et les parquets... Le châ- teau doit sa renaissance à un industriel qui le découvrit par hasard en 1964, enfoui sous la végétation qui le rendait méconnaissable. Des branches d’arbre rentraient à l’intérieur du bâtiment ! Roger Van Glabeke se lança dans un extraordinaire sauvetage, qui lui valut d’obtenir en 1967 le prix de l’émission Chefs-d’œuvre en péril, remis par André Malraux lui-même.
LA VIE CACHÉE DE LONG Sous le pavé longinien, des souterrains, souvent parallèles au tracé des rues. Leur origine remonte à l’occupation gauloise, où ils servaient sans doute d’abris. Un usage qui s’est perpétué pendant la Seconde Guerre mondiale, lors des bombardements de la région. Leur présence se manifeste lors d’un effondrement dans une cave. Trois entrées ont été identifiées : une au château et passant par l’église ; deux rue Cavée, dont une au numéro 1, signalée par une grille. À l’heure actuelle, ils ne se visitent pas.
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