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Biodiversité
1. C’est l’aspect larviforme que conserve la femelle adulte qui a donné son nom au ver luisant. 2. Le mâle est beaucoup plus petit que la femelle. À son contact, il cesse d’émettre de la lumière. 3. Seules les larves s’alimentent : elles anesthésient l’escargot ou la limace grâce à du venin. La proie est alors liquéfiée par les enzymes digestives avant d’être ingurgitée. 4. La tache lumineuse de la femelle est émise par le bas de l’abdomen.
Pour la rendre visible, elle se contorsionne sur les côtés.
Toute la lumière sur le ver luisant ! Le ver luisant n’a rien d’un ver ! Ces petits lampions de moins en moins communs dans nos jardins sont des coléoptères capables d’émettre de la lumière. Ouvrez l’œil cet été et amusez-vous à les recenser !
© Gérard Héquet (X2) et Claire Robert et AdobeStock (X3)
« E n nos climats, peu d’insectes rivalisent de renommée populaire avec le ver luisant, la curieuse bestiole qui, pour célébrer ses petites joies de la vie, s’allume un phare au bout du ventre. Qui ne le connaît au moins de nom ? Dans les chaudes soirées de l’été, qui ne l’a vu errer parmi les herbages, pareil à une étincelle tombée de la pleine lune ? » Si tout le monde connaît en effet son nom, peu de gens peuvent se targuer de nos jours d’avoir déjà vu un ver luisant, n’en déplaise à l’entomologiste Jean-Henri Fabre [*]. Levons d’emblée une confusion : on associe souvent ver luisant et luciole, ce sont pour- tant sont deux coléoptères bien différents. Cette dernière ne se rencontre que dans l’extrême sud-est de la France (Alpes-Mari- times et Corse) et une autre espèce vit aux Antilles. Mâle et femelle sont identiques et émettent en vol une lumière qui clignote. Il existe en France une dizaine d’espèces de vers luisants. Si une lumière continue est émise au sol, il y a de fortes chances qu’il s’agisse du lampyre commun ( Lampyris noctiluca ), le plus courant. Une autre espèce, plus petite, est présente dans l’Est : le petit
ver luisant (Lamprohiza splendidula ) qui, lui, brille en volant d’une lumière continue. Escargots ou limaces au menu Le ver luisant vit à l’état larvaire durant une à deux années selon la région et se recon- naît aux marques rose pâle présentes sur tous les segments. Une larve proche de celle de la coccinelle, qui est plus petite (inférieure à 1 cm) et active de jour, avec des protubérances et taches de couleur à différents endroits. La larve de ver luisant sort plutôt au crépus- cule pour dévorer escargots ou limaces. Elle se fixe sur la coquille grâce à sa ven- touse et mord sa proie sur l’avant du corps pour la paralyser (voir photo 3). Elle se nymphose dans le sol, sous une pierre ou un morceau de bois pour devenir adulte. L’espérance de vie est alors limitée à deux ou trois semaines et la femelle conserve son aspect larvaire, sans les taches. Doté d’ailes et d’élytres, le mâle repère son lumignon en
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vol grâce à ses yeux hypertrophiés. Objec- tif : se reproduire ! [*] Souvenirs entomologiques, 1907.
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Texte : Catherine Levesque-Lecointre
76 • Détente Jardin - N° 150 juillet/août 2021
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