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P o ur o u c o ntr e

Faut-il continuer à bêcher ?

En matière de jardinage, on trouve souvent plusieurs écoles, voire doctrines : il y a les adeptes de la tradition et puis ceux qui préfèrent les techniques innovantes. Le bêchage n’échappe pas à la règle, certains ne peuvent s’en passer alors que d’autres considèrent que cela abîme la terre… Nous avons demandé à deux jardiniers expérimentés ce qu’ils en pensent…

L e débat entre les partisans du bêchage et ceux du non bêchage n’est pas si récent que cela : le brevet de la fameuse grelinette, a été déposé par André Grelin en 1963… Cela fait donc près de 60 ans ! Mais son utilisation a vraiment émergé il y a une vingtaine d’années avec le jardinage bio, puis avec le développe- ment récent de la permaculture. Et si le débat se poursuit, c’est peut-être parce qu’il n’y a pas qu’une seule vérité…

pour

CLAUDE POUSSIN, jardinier à Pange en Moselle

© GAP Photos//Jonathan Buckley

et l’aération du sol. C’est aussi une manière simple d’enfouir rapidement du compost ou du fumier pour améliorer le sol. Il permet également de retirer certaines adventices aux racines pivotantes (pissenlits). En fait, il y a deux périodes pour bêcher. Si votre terre est légère, je vous conseille de procéder au printemps. Ainsi, elle ne sera pas à nouveau compactée par les pluies parfois violentes de l’hiver. Si, en revanche, elle est lourde et argileuse, il est mieux de bêcher en automne. Vous allez commencer par un bêchage grossier et le gel fera le reste. Vous obtiendrez une terre fine et friable au printemps. Pour réussir

un bon bêchage, commencez par faire une jauge, une sorte de tranchée dont on met la terre à l’extrémité de l’endroit bêché. Quand vous arriverez au bout, vous pourrez simplement reboucher l’ensemble. Le plus complexe est certainement de rester bien droit. En fonction de la terre, j’utilise une fourche bêche lorsqu’elle est de bonne qualité et une bêche plate pour les terres lourdes. C’est peut-être un peu difficile au départ, mais on s’y fait vite et on acquiert un coup de main. Je tiens la technique de mon père qui la tenait de son grand-père… C’est un peu dommage que ce genre de transmission se perde petit à petit.

© DR

En fait, cela fait 40 ans que je bêche, donc je ne vois pourquoi je devrais arrêter de bêcher. Mon grand-père bêchait, mon père bêchait et donc moi je bêche. Cette technique existe depuis des lustres et elle me convient. J’ai du mal à me reconnaître dans les pratiques actuelles qui laissent le bêchage traditionnel de côté. Pour moi, le bêchage permet le décompactage

38 • Détente Jardin - N° 141 janvier/février 2020

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