Les villages préférés de nos régions

OUTRE-MER LES ANSES-D’ARLET

Sur la plage de sable fin entourée d’une verdure foisonnante, les yoles rondes – petites embarcations typiques de pêcheurs – côtoient palmiers et maisons colorées.

Jean-Marie Liot / hemis.fr

B

Ils essuyèrent une défaite, perdirent 1500 hommes, et, de rage, détrui- sirent le village. Les Français, qui devaient leur victoire au courage des esclaves venus leur prêter main-forte, accordèrent la liberté… à quelques- uns. C’est un siècle auparavant qu’a commencé l’histoire du village, avec l’arrivée d’Indiens caraïbes chassés du nord de l’ île par les colons. Leur chef, Arlet, établit son territoire entre la baie de Fort-de-France et le village du Diamant, au pied de son rocher : les Anses en devint le centre. Cependant, l’avance des colons fut la plus forte, et

aie turquoise, langou- reusement cambrée devant le vert tendre de la végétation ; coco- tiers penchés, comme pour mieux écouter les confidences de la brise ; des maisons blanches, jaunes, bleues, coiffées de toits rouges ; pile au

bonne heure. Difficile d’imaginer que ce petit bout de paradis, les pieds dans la mer des Caraïbes, ait pu résonner du fracas des canons et des cris des hommes en guerre… C’est pourtant ce qui est arrivé ici à plusieurs reprises. Les anses, ici au nombre de cinq, étaient alors très convoitées par les bateaux sur la route des Amériques pour y faire provision d’eau ou répa- rer les avaries. Elles jouaient aussi un rôle stratégique : en 1762, les Anglais, établis sur les îles de Sainte-Lucie et de la Dominique, voulaient s’en empa- rer pour conquérir Fort-de-France.

bout du ponton de bois jeté sur la mer azur, un clocher qu’on dirait posé sur le sable, avec en arrière-plan, la sil- houette bossue des mornes alentour : oui, Les Anses-d’Arlet ont tout d’une carte postale. C’est d’ailleurs un des sites les plus photographiés de la Mar- tinique. CONVOITÉ PAR LES ANGLAIS EN 1762 Ici, l’agitation n’est pas de mise, on la laisse à Fort-de-France, à 35 kilo- mètres. On lui préfère la douce non- chalance des îles, le farniente et la pêche au filet, pratiquée ici le matin de

DE LA SENNE À L’ASSIETTE Tôt le matin, les pêcheurs sont déjà à l’œuvre sur la plage des Anses-d’Arlet : ils ramènent sur le sable le long filet – la senne – qu’ils ont installé pendant la nuit pour barrer la baie. La pêche n’est pas toujours miraculeuse, mais il y a des balaous. Ce petit poisson fusiforme, dont le corps allongé est prolongé par un bec, est une gloire locale de la cuisine martiniquaise. Une fois débarrassé de son arête centrale, il est pané, frit et servi à l’apéritif. Il faut le manger avec les doigts, en commençant par la tête. Comme un vrai Arlésien !

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Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr

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