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DĒTOURS EN FRANCE

TULLE

À LA REDÉCOUVERTE DE LA VILLE Mise en lumière lors de l’élection de François Hollande à la présidence de la République, la petite préfecture de 15000 habitants s’étire au creux d’une profonde cuvette, dans la vallée de la Corrèze, cernée par sept collines. Loin des dorures élyséennes, la cité administrative, austère en apparence et de tradition ouvrière, se révèle une des villes les plus attachantes du Limousin.

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rançois Hollande fête son élection, place Gambetta, aux sons des notes de La Vie en rose jouées sur des accor- déons Maugein : le 6 mai 2012, la France entière découvre Tulle, la pré-

fecture –méconnue –de Corrèze. Sa topographie est particulière : la ville s’étire tout en longueur, sur près de 4 kilomètres, dans l’étroite vallée de la Corrèze... « Petite ville, resserrée au fond d’un vallon étroit, par des montagnes abruptes qui semblent lui interdire tout accroissement » , décri- vait déjà ProsperMérimée au xix e siècle dans Notes d’un voyage en Auvergne . « C’est la ville du cor- beau et des pendus de la Das Reich, commente l’écrivain corrézien Denis Tillinac, en référence à des événements sombres de l’histoire de Tulle. Elle n’a pas la mémoire gaie et l’avenir ne lui fait pas beaucoup d’avances : sa manufacture est en coma dépassé et Brive, sa rivale depuis la nuit des temps, lui a damé tous les pions. Même en rugby. » MARTYRISÉE PAR LES ARCHITECTES Il est vrai que, en venant des plateaux corré- ziens, onpeut ressentir une impressionunbrin étouffante lorsque l’on plonge dans cette bru- tale dépression, presque étranglée par les col- lines. Une image qui ne s’améliore guère lorsque surgit la haute tour de la cité administrative, ves- tige des années 1970 : 90 mètres de béton, le plus haut édifice de Corrèze ! « Tulle a été martyrisée par les architectes, qui n’ont respecté aucune unité architecturale », rapporte PhilippeMeyer dans Les Gens de mon pays, avant de nuancer : « La ville a repris des couleurs, la rivière a été débarrassée des garde-corps en béton qui la masquaient, des pas- serelles la traversent, des bancs publics permettent de la regarder courir. Une partie des quais est rede- venue promenade. »

Le pont de la Barrière passe au-dessus de la Corrèze, que les Tullistes ont longtemps surnommée « la Coureuse ». De ce point de vue, on perçoit bien la profondeur de la vallée.

Philippe Roy - Détours en France

www.detoursenfrance.fr / avril 2016 / numēro 190

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