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depuis un rail fixé au plafond : bottes, casque, bleu de travail, châle (contre les courants d’air). « Nous portions aussi un masque pour nous protéger des poussières fines. Il était changé tous les jours et nous en avions un en réserve sur nous », précise-t-il. À la lampisterie, en échange de son badge en laiton, on récupérait une lampe à chapeau, à fixer sur le casque et, à partir des années 1980, un appareil autonome de protec- tion respiratoire. Celui-ci consistait en une sorte de petite valise, assez lourde, capable de fournir de l’oxygène pendant 20 minutes. Autour de son cou, enfin, le mineur suspendait un grisoumètre, qui décelait la quantité de méthane dans l’air et permettait d’anticiper un coup de grisou fatal. « Avant l’appari- tion de ce dispositif, on utilisait une lampe à essence. Si la flamme jaune virait à l’orange, c’était le signal d’une présence dangereuse de méthane dans l’air. Au xix e siècle, c’était un canari en cage, très LE PREMIER BLOC DE CHARBON EST EXTRAIT DES PROFONDEURS DE PETITE-ROSSELLE EN 1856, AU PUITS SAINT-CHARLES.
UNE MINE DU XX E SIÈCLE L’envie d’aller sous la terre, forcé- ment, nous démange. Pour des raisons de sécurité, la mine n’est pas acces- sible au public mais une fidèle reconsti- tution à l’échelle 1 propose un instructif voyage dans les chantiers d’extraction souterrains. Gaston Mai nous guide vers la superstructure rouge et noir, aux allures de livre ouvert, qui barre l’horizon derrière le carreau. Au-des- sus de l’entrée, s’inscrit l’ancien salut du mineur: « Glück auf ». « Cela signifie bonne chance en allemand. On l’échan- geait tous les jours, pour se souhaiter de remonter vivant », explique notre guide, soulignant au passage l’époque de la tutelle allemande et la porosité avec la frontière à moins d’un kilomètre. Dans la quasi-obscurité, un simulateur peu avare de secousses nous fait revivre une descente à 12 m/s. Le site comptait sept puits et le plus profond atteignait 900 mètres. Ensuite, en empruntant les galeries, les mineurs pouvaient des- cendre jusqu’à 1300 mètres. La visite débute par un face-à-face avec un monstre mécanique qui forait le rocher, aidé d’explosifs, à raison de 12 mètres par jour. L’engin de 11 tonnes, armé d’un bras (et souvent de quatre), servait à percer les galeries principales qui délimitaient les étages d’exploitation. >
sensible au gaz, qui donnait l’alerte. » Nous sortons du musée pour rejoindre le carreau de la mine, vaste espla- nade aujourd’hui peinte en rouge, où transitait le charbon. Autour de nous, une architecture monumentale: celle des bâtiments des anciens ateliers de mécanique et d’électricité, les lavoirs et ces gracieuses charpentes que sont les chevalements dressés sur l’ouver- ture des puits. Sous l’effet du vent, une molette siffle un air de mélancolie.
Une lampe à essence pour détecter la présence du méthane, un cuffat (benne) qui servait aussi bien au transport des hommes que du matériel, un crochet-coupelle regroupant les affaires personnelles: Gaston Mai, gueule noire reconverti en transmetteur de mémoire, raconte les objets du quotidien d'un mineur de fond.
www.detoursenfrance.fr / Avril 2020 / 222
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