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Lors d'une randonnée vosgienne, la forêt est
ATMOSPHÈRE ROMANESQUE Après cette escale bucolique, nous poursuivons notre montée vers le col des Perches, 140 mètres plus haut. Le longdu chemin, unancien refuge rénové (l’auberge du Gazon vert) propose gîte et couvert à la belle saison. Bientôt, nous atteignons la crête à 1071 mètres, point de bascule sur la vallée de la See- bach et, plus bas, celle de la Doller. Pour l’heure, nous nous engageons sur un sentier agrippé à mi-pente dans un amphithéâtre naturel, ancien cirque glaciaire. Le chemin est parfois taillé dans la roche, mélange de granit et de grauwacke. Des pierriers aux blocs acérés lardent par endroits l’épaisse forêt. « Seuls les érables sycomores et les sorbiers des oiseleurs se plaisent dans ces éboulis », éclaire Karine Jung. Une de ces ouvertures nous donne enfin à voir le lac des Perches en contre- bas, disque vert scintillant au soleil. En cette fin septembre, les feuilles d’érables jaunies virevoltent dans l’air. À l’horizon, la chaîne déchiquetée et enneigée des Alpes aimante le regard. La promesse d’un nouveau paysage nous pousse à poursuivre notre che- min. Nous sortons bientôt de la forêt pour pénétrer sur la Haute Bers, vaste et plate chaume ourlée de bruyères et
omniprésente : hêtres au tronc lisse, chênes au feuillage dentelé, pins sylvestres aux nuances bleutées, épicéas
à l’ample ramure…
dans la forêt, dessine une zone lumi- neuse, arrachée aux ténèbres des bois, qu’il nous faut pénétrer à nou- veau pour rejoindre le lac. Le rocher du Corbeau, sorte d’éventail de granit dressé parmi les arbres, éveille notre attention, avant que les rives lacustres ne nous aspirent dans leur atmosphère romanesque. Pourtant, c’est un usage économique qui a présidé à la destinée du plan d’eau. D’origine glaciaire, il est rehaussé au xvi e siècle, pour alimen- ter des forges puis une usine textile
de myrtilliers au feuillage rougeoyant. « Le grand tétras, espèce emblématique du massif vosgien, aime ce type de milieu. Dans les grands myrtilliers, il peut se cacher des prédateurs, pondre ses œufs et se nourrir. Malheureusement, cela fait longtemps qu’il n’y a plus de coqs de bruyère sur la Haute Bers. Moins d’une cinquantaine d’individus seraient encore présents dans le massif. Ils ont été vic- times de la sylviculture et de l’absence de quiétude dans un espace de plus en plus fréquenté. » La lande, comme découpée
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UNE OUVERTURE NOUS DONNE ENFIN À VOIR LE LAC DES PERCHES EN CONTREBAS, DISQUE VERT SCINTILLANT AU SOLEIL. À L’HORIZON, LA CHAÎNE DÉCHIQUETÉE DES ALPES AIMANTE LE REGARD.
Le lac des Perches, endormi au fond d'un cirque encaissé. Son nom alsacien est Sternsee, soit « lac de l'Étoile ». Brillante appellation.
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