DET
PROMENADE SUR LES TOITS Pour prendre la mesure de cette architecture flamboyante qui a orné l’édifice de pinacles ouvragés, de motifs trilobés , de sculptures et de gargouilles fantastiques, une prome- nade sur la coursive des toitures et du massif occidental s’impose. Sur la façade, des chimères rampent vers la galerie des Apôtres. Plus loin, près d’un arc-boutant, un chien ronge un os. « Les bâtisseurs ont voulu laisser l’em- preinte de leur passage. Quelques fantai- sies comme celles-ci émaillent l’édifice », commente Sabine Bengel, alors que la rumeur de la ville et les notes d’un accordéon s’élèvent depuis le parvis. Plus haut, à 66 mètres, la plateforme de la cathédrale a rouvert au public l’été dernier. La maison rénovée des gardiens, qui permettait jadis de sur- veiller les départs d’incendie dans la ville, expose désormais l’Histoire du sanctuaire et le projet abandonné d’une deuxième flèche. La vue sur les toits de tuiles de queue de castor, les Vosges et le massif de la Forêt-Noire en Allemagne au loin, captive autant les visiteurs que la haute tour, octogonale et flanquée de quatre tourelles d’esca- lier. Elles furent accessibles au public jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Chanceux, nous gravissons la tourelle Nord-Est, la seule dotée d’un escalier à double vis qui se transformemystérieu- sement en simple àmi-chemin. En 1439, Jean Hültz de Cologne achève l’édifice en le coiffant d’une flèche entièrement ajourée, enchevêtrement de pinacles, de clochetons et d’escaliers vertigi- neux surmonté d’un lanternon. Haute de 142 mètres, cette pyramide effilée a longtemps fait de Notre-Dame la plus haute cathédrale de la chrétienté. « À la Révolution, on l’a couverte d’un bon- net phrygien géant en tôle rouge pour la sauver de la destruction. À la Libération, le général Leclerc y a fait hisser le dra- peau tricolore pour honorer le serment de Koufra qui faisait jurer à ses hommes, en plein désert libyen, de ne pas déposer les armes avant d’avoir fait flotter les cou- leurs de la France sur la cathédrale de Strasbourg », conclut Sabine Bengel. LA PLUS HAUTE CATHÉDRALE DE LA CHRÉTIENTÉ
Une vue vertigineuse
de la rue Mercier, depuis
un des quatre escaliers à vis de la tour octogonale, haute de 40 mètres. Ces escaliers, totalement indépendants de la tour, sont appelés les Vier Schnecken (« quatre escargots »).
naissance au mythe du lac », sourit l’his- torienne. À l’extrémité Sud du troi- sième tronçon de la charpente, Sabine Bengel ouvre une porte en bois ména- geant un effet de surprise, alors que la rosace occidentale emplit notre champ de vision. « Son diamètre de 13,6 mètres la classe parmi les plus grandes des cathédrales gothiques. Elle s’inspire de Notre-Dame de Paris. » Au xiii e siècle, ce sont des architectes et des artisans venus d’Île-de-France qui ont introduit le style gothique dans la construction de la cathédrale de Strasbourg.
combles de la nef par une porte étroite, qui nous soustrait à la lumière. « La cathédrale a été construite de l’est vers l’ouest, sur les fondations d’une cathé- drale romane dont la première pierre fut posée en 1015, explique Sabine Ben- gel. Elle porte l’empreinte de l’évolution des styles, du chœur roman à la flèche gothique tardif, achevée au xv e siècle. » Quid de la légende du lac souterrain? « Sous les fondations, il existe une nappe phréatique, dans laquelle les bâtisseurs du xi e siècle ont planté des pieux en chêne et en aulne aujourd’hui disparus, donnant
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222 / Avril 2020 / www.detoursenfrance.fr
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