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Les combles de la nef accueillent un cabestan, qui servait à hisser les matériaux, ainsi que deux statues, un petit peu perdues.
PHOTOGRAMMÉTRIE ET IMPRESSION 3D
AuxchantierstrèsorganisésduMoyen Âge, où travaillaient une trentaine d’artisans, se substituent aujourd’hui des programmes de rénovation qui s’appuient sur des technologies inno- vantes. « Avec des photographies réali- sées par drone depuis différents points de vue, nous obtenons une modélisation rigoureuse de la cathédrale qui nous fait gagner en précision dans la planification des interventions », explique, dans le bureau d’études, Aymeric Zabollone, féru de photogrammétrie. Des outils disparus permettant de reproduire des gestes anciens sont aussi fabriqués en impression 3D, tandis que la modélisa- tion remplace les moulages, quand il faut préserver la peinture d’une statue. Retour à la cathédrale. Nous suivons Mathieu Baud jusqu’au chantier de restauration et de conservation du bras Sud du transept, lequel s’achève cette année. Sur la façade extérieure, derrière une bâche à quelques mètres au-dessus du sol, un jeune garçon frotte vigoureusement la copie de la célèbre statue de la Synagogue avec UN PIGEON NICHÉ SUR LA JÉRUSALEM CÉLESTE
une brosse à dents à poils de nylon. « Sur le grès très abrasif, on essaie d’uti- liser uniquement de l’eau pour enlever les dépôts atmosphériques et éviter ainsi le polissage mécanique ou chimique », explicite le conservateur. Tout près, impassible, un jeune pigeon a fait son nid sur la Jérusalem céleste délicate- ment sculptée et mise hors d’eau par le chantier. Un monte-charge nous élève bientôt jusqu’à une coursive du bras Sud du transept. Mathieu Baud effleure les blocs de pierre et désigne des signes lapidaires : une flèche et un double « Y ». « Cela peut être la marque du tailleur de pierre, de la carrière ou du chantier. Ce sont souvent des signes géométriques, éclaire-t-il. Les ateliers de l’Œuvre signent avec un mannele, un symbole figurant un homme. »
LA LÉGENDE D’UN LAC SOUTERRAIN
Sabine Bengel, historienne de l’art à l’Œuvre Notre-Dame nous rejoint sur la galerie romane de la tour de la croisée du transept, élevée à la fin du xix e siècle. « C’est l’époque de Viollet- le-Duc, où l’on réinvente le Moyen Âge. L’architecte Gustave Klotz a choisi d’édi- fier une tour octogonale néo-romane, après que la toiture de la nef et du chœur a été ravagée par les flammes, pendant la guerre franco-prussienne de 1870 », détaille l’experte. Dans le passé, des incendies causés par la foudre se sont déclarés presque chaque siècle et ont amené les architectes à compar- timenter la toiture avec des cloisons pare-feu. Pas d’effet de perspective donc, quand nous plongeons dans les
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La rose dessinée par Erwin de Steinbach, architecte de Notre-Dame à partir de 1284. Bien qu’elle soit d’un diamètre remarquable (13,6 m), elle peine à éclairer l’intérieur du sanctuaire.
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