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Vincent Cousquer (à gauche) et Nathalie
Masson (photos de droite) sont sculpteurs. Ils sont employés, comme une vingtaine d’autres artistes, techniciens et artisans par les ateliers de l’Œuvre Notre-Dame.
qui travaille depuis deux décennies dans le sanctuaire. Haute de 22 mètres, l’attraction se dresse contre un mur dans le bras Sud du transept. Les visi- teurs s’émerveillent de la précision de ses informations astronomiques, de l’iconographie inspirée de son buffet du xvi e siècle et de la parade de ses auto- mates qui font tinter les cloches tous les quarts d’heure. Son mécanisme a été rénové en 1842. Fier de l’Histoire de la cathédrale, Michel Bolli nous rappelle que, dès le milieu du xiv e siècle, Notre- Dame s’était dotée d’une première hor- loge élevée sur le mur d’en face. Les visiteurs prennent-ils le temps d’ob- server la finesse du pilier des Anges, tout près? Sur la statuaire de cette colonne gothique représentant le Juge- ment dernier, on distingue encore des traces de polychromie sur le Christ au sommet. En arrière-plan, l’ombre d’un profil se détache sur le mur. Le buste sculpté au xv e siècle d’un homme au bonnet rond, accoudé à la balustrade et fixant ledit pilier, ne représente pas un contempteur attendant la chute de la colonne, comme beaucoup le croient.
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La fondation de l’Œuvre Notre-Dame, mémoire du sanctuaire, consacre ses ressources et ses savoir- faire à la sauvegarde et au rayonnement de l’édifice. Ateliers, fonds documentaire et service administratif: 32 personnes, au total,
travaillent pour elle.
qui réalisa au xiv e siècle les trois por- tails du massif occidental et dessina la rosace, attend son diagnostic. Nous sommes dans la cour des ateliers de l’Œuvre Notre-Dame, fondation char- gée depuis le xiii e siècle du chantier de Notre-Dame. « Les intempéries, l’expo- sition à l’eau, le gel, la chaleur, la contami- nation par le sel produit par les activités humaines, sont les principales menaces. Lors de la dernière canicule, des blocs de grès ont fondu! », explique Frédéric Degenève, responsable des ateliers qui emploient 23 techniciens, tailleurs de pierres, sculpteurs, serruriers, menuisiers… À l’étage, les percussions des maillets et des ciseaux emplissent l’air dans le bourdonnement des tuyaux d’aspiration des poussières. « Le tail- leur de pierre opère dans le domaine de la construction. Il travaille sur des élé- ments du bâti comme les parements, les pinacles, les balustrades, réalisés à partir d’un dessin. Un sculpteur est plus dans le registre de la décoration : il crée des sta- tues, des chimères, des ornementations,
« C’est probablement une représentation d’un architecte admirant son œuvre ou une manière d’attirer l’attention sur le pilier », décrypte Michel Bolli. L’ŒUVRE NOTRE-DAME AUX PETITS SOINS Une rue au sud de la cathédrale. Erwin de Steinbach tient fermement sous son bras le plan de la façade du monument. La statue de l’architecte
LA CATHÉDRALE ET STRASBOURG, DÉCORS DE POLAR
Jacques Fortier a bien sa petite idée pour expliquer le mystère du double escalier de la tourelle Nord-Est de Notre-Dame. Il la développe dans Chapitre fatal à la cathédrale (Le Verger Éditeur). L’ancien journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace écrit désormais des polars. « Mes romans se situent au début du xx e siècle. Ce qui m’intéresse, c’est de faire vivre le Strasbourg populaire et ouvrier de l’époque. Tout a commencé en 2009, avec Sherlock Holmes et le mystère du Haut-Kœnigsbourg. J’ai voulu donner à l’enquêteur une autre chance de revenir chez nous, alors qu’Arthur Conan Doyle mentionnait son passage pour quelques heures à Strasbourg. » De la brève Révolution rouge de novembre 1918 aux secrets de la cathédrale qu’il affectionne, Jacques Fortier fait aimer l’Alsace.
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www.detoursenfrance.fr / Avril 2020 / 222
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