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I T I N Ē R A I R E
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Ainhoa doit sa notoriété à ses bâtisses du XVII e siècle, postées le long de son unique rue. Leur particularité ? Chacune possède une facade à l'Est, dos à l'océan, afin de pouvoir faire sécher le piment.
mais était également un relais muletiers très important. Situé dans un écrin de verdure à la frontière de l’Espagne, ce village labellisé Plus Beaux Villages de France, aligne ses maisons labourdines comme deux haies encadrant son unique rue. Il est agréable d’arpenter ce village-rue en détaillant l’architecture spécifique de l’ etxea, la maison en basque, qui, plus qu’une simple bâtisse, doit refléter l’identité même de ces propriétaires : murs blanchis à la chaux, volets peints en rouge, angles en pierre de taille apparentes, toits en tuile débordant des façades. Certaines maisons possèdent encore sur leur porche des anneaux d’attaches prévus pour les mules. Bâties pour la plupart au XVII e siècle, après les destructions causées par les trente ans de guerre avec l’Espagne, ces maisons très profondes, toutes accolées les unes aux autres, possèdent des jardins attenants dans leurs arrière-cours.
explique Liza, septième génération de la «dynastie» Ainciart Bergara. Dans ce lieu chargé d’histoire, les maîtres-artisans «transforment un simple bâton de néflier en un bijou redoutable», peut-on lire dans la revue basque Gure Herria de 1936. En 2011, l’Unesco récompense ce savoir-faire en inscrivant le makhila Ainciart Bergara à l’inventaire des Métiers d’Art Rares, au titre de la convention pour la conservation du patrimoine culturel immatériel. «Mes ancêtres ont développé un procédé propre à notre famille qui consiste à inciser des néfliers en pied en début de printemps. La sève modèle le bois en créant des motifs naturels pendant plusieurs mois, et l’hiver suivant nous coupons l’arbre. Écorcé au four, le bois sera mis à sécher pendant quelques années encore avant d’être enfin surmontés par une pièce en métal ouvragée.» Comme chez un couturier, les mensurations du client sont étudiées avec rigueur,
car un makhila doit correspondre à la taille et à la morphologie de son propriétaire. Compagnon de marche, outil de défense ou accessoire indispensable de la gent masculine, le makhila est le symbole par excellence de l’identité basque. Dans la société, la tradition veut qu’il soit offert à la personne que l’on souhaite honorer. Sur les murs de l’atelier, des photos immortalisant des clients aussi célèbres que Churchill, Reagan, Mandela ou Chaplin. «J’en ai remis un en main propre à Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie», se souvient Liz a. A I NHOA , L’ ETX EA DANS TOUS S E S ÉC L AT S Après Larressore, l’ancienne bastide d’Ainhoa, fondée au XIII e siècle par les chanoines de Prémontré, constituait une dernière halte pour les pèlerins de Compostelle avant les Pyrénées,
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