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Publication animée
E N F R A N C E DETOURS E N F R A N C E DETOURS PAYS BASQUE L ’ é t o n n a n t v o y a g e
MAYA LAUQUÉ : « LES BASQUES ONT LA RÉPUTATION D’ÊTRE UN PEUPLE LIBRE, INSOLENT ET JOYEUX, JE LE REVENDIQUE ! » I N V I T É E
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P A Y S B A S Q U E
NOUVELLE FORMULE
GORGES D’EHUJARRE ET DE KAKUETTA, GOUFFRE DE LA PIERRE SAINT- MARTIN… AVENTURES INSOLITES EN HAUTE-SOULE
BIARRITZ, 10 ÉTAPES POUR NE RIEN MANQUER
LE LABOURD, VILLAGES ET ARTISANS D’EXCEPTION
BIMESTRIEL - JUILLET - AOÛT 2021 - FRANCE MÉTRO : 5,95 € - BEL : 6,95 € - LUX : 6,80 € - DOM : 8 € - D : 8,50 € - ESP/ITA : 6,95 € - CH : 11 FS - CANADA : 10,99 $ CAD - NCAL/S : 970 CFP - POL/S : 1 010 CFP - GR : 7,10 € - MAR : 65,00 MAD - D : 8,50 €
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Avec , évadez-vous cet été aux quatre coins de la France ! DESTINATION FRANCE
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P A R D O M I N I Q U E R O G E R - R É D A C T E U R E N C H E F
Suspendue à 180 m au-dessus des gorges d’Olhadubi, la passerelle d’Holzarte fut construite en 1920 pour permettre aux bûcherons d’accéder aux forêts de l'autre rive. Depuis mai 2021, le métal a remplacé les planches de bois.
R E N O U V E A U
Tourisme durable, écotourisme, «slow tourisme»… autant de mots nouveaux qui sont devenus, depuis quelque temps déjà et surtout depuis la pandémie, des vocables marqueurs de notre manière de voyager, d’aller à la découverte du monde, et de la France en particulier. On le lit, on l'entend un peu partout, on l'observe, cette crise sanitaire inédite a été un puissant accélérateur de grandes tendances sociétales. Chez Détours en France, même si nous sommes «green» depuis toujours, considérant qu’il n’existe pas de petits gestes inutiles et que l’action vaudra toujours mieux que de regarder benoîtement passer les trains, nous avons eu envie d’adapter au plus près notre ligne éditoriale à vos attentes de lectrices et lecteurs. Avec ce numéro estival, consacré au Pays basque, nous vous proposons une «nouvelle formule». Nouvelle ne signifie pas de faire table rase du passé et des valeurs qui signent notre identité ! Notre credo fait bon ménage avec l’éloge de la lenteur. Partir à la découverte de la France autrement, c’est prendre le temps d’approcher, de restituer, de raconter, en images et par les mots, les multiples facettes d’un pays comptant autant de micro-régions et de terroirs que de fromages. Voilà très sûrement notre «raison d’être». La maquette bouge, évolue, se réinvente afin de faciliter la lecture (et de la rendre interactive), d’aider à mieux se repérer dans les rubriques, et d’offrir plus de dynamisme. De nouveaux rendez-vous rédactionnels
s’installent. Parce que la France se définit avant tout par ceux qui la font, nous donnerons encore plus la parole aux acteurs du terrain, femmes et hommes animés par la passion d’entreprendre, d’embellir, de surprendre. Et, plus que jamais, la magie des images, des propositions de balades au plus près d’une nature à respecter, des reportages insolites, des aventures à vivre en famille, des adresses dénichées auprès d’artisans et de producteurs amoureux de leur métier, de la gastronomie locale… Avec ce premier numéro de votre nouveau Détours , entrez de plain-pied dans le Pays basque. Si le littoral est pourvoyeur de mille émotions paysagères et de surprises patrimoniales – ce qui valut à la Côte Basque d’être honorée de la une du New York Times –, l’arrière- pays, au caractère rabelaisien, est un vivier de secrets… Comme le Ramuntcho de Pierre Loti, cheminez par les sentiers de la montagne ; d’un village l’autre, posez votre havresac au pied d’un fronton, «place libre» ou «mur à gauche», où les pelotaris rivalisent de dextérité. D’un versant à l’autre des Pyrénées, il existe sept provinces basques – Labourd, Soule, Basse-Navarre au nord ; Guipuzcoa, Biscaye, Alava, Navarre au sud – et autant de manières de «vivre au pays» , mais toutes unies par une langue mystérieuse, l’euskara. Ongi etorri ! (Bienvenue !)
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LES RENDEZ-VOUS DE DÉTOURS
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LE PAYS BASQUE , UN PAYS NOMMÉ PL AISIR
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PORTFOLIO L A RÉ SERVE D' URDABAI, L A GROT T E DE L A VERNA
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RENCONTRE AVEC MAYA L AUQUÉ
20 D'ANGLET À HENDAYE ,
LES ESCALES BONHEUR DE LA CÔTE BASQUE
32 B I ARR ITZ : CIT Y BRE AK 42 LES V I LLAGES DU LABOURD
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50 LE GOÛT DU TERRO I R : L E PIMENT D' E SPEL E T T E 54 LA V I LLA ARNAGA : PASSION PAT RIMOINE 60 HONDARR I B I A , B I SCAYE : ESCAPADE AU PAYS BASQUE ESPAGNOL 72 LE GOÛT DU TERRO I R : L E THON ROUGE 74 BAYONNE : CIT Y GUIDE 82 LES ALDUDES , VAL L ÉE DE L A BONNE CHÈRE 90 LES GORGES D'EJUHARRE ET DE KAKUETTA 96 QU I Z , MOTS CRO I SÉS
LA CARTE MICHELIN DÉTACHABLE PYRÉNÉES-ATLANTIQUES ET PROVINCES PAYS BASQUE DE GUIPUSCOA ET BISCAYE
A B O N N E Z - V O U S À D É T O U R S E N F R A N C E S U R W W W . B O U T I Q U E . D E T O U R S E N F R A N C E . C O M , C ’ E S T R A P I D E , S I M P L E E T S É C U R I S É
R E T R O U V E Z L A V E R S I O N N U M É R I Q U E D U M A G A Z I N E S U R :
P L U S D ’ I N F O S S U R : W W W . D E T O U R S E N F R A N C E . F R
F A C E B O O K . C O M / D E T O U R S E N F R A N C E
Une partie de cette édition comprend pour les abonnés : une lettre de bienvenue, une lettre de réabonnement, une lettre nouvelle formule à Détours en France et un hors- série La France des paradis secrets . Pour le kiosque et les abonnés : une carte Michelin spécial Pyrénées-Atlantiqueet Provinces Pays basque de Guipuscoa et Biscaye, insérée entre les pages 98 et 99.
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ECHOS DES
N A N T E S
T E X T E D E REGIONS C L I O B A Y L E E T D O M I N I Q U E R O G E R
DEPUI S LE 24 AVRI L 2021 , LES NANTAI S PEUVENT EMPRUNTER LES BUS ET LES TRAMS DE LA VI LLE SANS SORTI R LEUR PORTE-MONNAI E . LA MESURE VISE À LUT TER CONTRE L’ UTI LISATION SYSTÉMATIQUE DE LA VOITURE.
L E S BONN E S NOUVE LLE S DU MO I S
L A F R A N C E , B O N N E É L È V E E N M A T I È R E D ’ A I R E S P R O T É G É E S
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient de mettre à jour sa liste verte des aires protégées et conservées «exemplaires» à travers le monde. Publiée le 20 avril 2021, cette liste est porteuse d’une bonne nouvelle, l’entrée de sept aires françaises supplémentaires dans l’inventaire : la réserve de la montagne Sainte-Victoire et le domaine de la Tour du Valat (Bouches-du- Rhône), le Bassin du Drugeon (Doubs), deux sites représentant six réserves naturelles de Haute-Savoie, deux réserves biologiques de La Réunion – celle du littoral de Saint-Philippe, et celle de la forêt de bois de couleur des Bas – et, enfin, les marais des basses vallées de l’Essonne et de la Juine. Avec 22 sites sur un total de 59, la France occupe désormais plus d’un tiers de la liste ! Pas question de relâcher nos efforts pour autant, ce label n’est attribué que pour une durée de cinq ans.
L E B O O M D U V É L O É L E C T R I Q U E
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En 2020, la vente de vélos électriques a littéralement explosé en France. 550 000 deux-roues avec assistance ont été écoulés, soit 30% de plus que l’année précédente. S’il est vrai que leur batterie au lithium et leur besoin de recharge restent une source de pollution pour l’environnement, leur impact est largement moindre que celui d’une voiture thermique, par exemple. Une bonne nouvelle pour la planète !
Sergey Dzyuba / Getty Images / iStockphoto
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J ’ AG I S J ’ I NNOVE
En 2017, Marie Duthu, 25 ans à l’époque, a quitté son CDI de responsable commerciale pour partir faire du volontariat en Asie du Sud-Est. Revenue transformée de ce voyage, elle a décidé en 2019 d’ouvrir un café coworking éco- responsable en plein cœur de Grenoble, L’Impertinence. «Ce besoin de prendre soin de la planète, de ne pas l’abîmer, je ne l’avais pas avant de voyager. Je l’ai ramené dans mes valises. Après 7 mois de découverte de nouveaux pays et de partage avec les locaux, j’ai eu du mal à me réhabituer à la vie de tous les jours en France ; tout me paraissait absurde. Pour moi, il était inconcevable de revenir à mon existence d’avant. Comme je déteste l’inaction, il fallait que je fasse quelque chose à mon niveau. Petit à petit, une idée a germé dans mon esprit : ouvrir un café avec de fortes valeurs écologiques. Nos actions concrètes : ne faire générer aucun déchet à nos clients, tout faire maison et n’utiliser que des produits locaux et de saison. » L’Impertinence, 32, rue Saint-Jacques, 38000 Grenoble. Tél. : 04 28 70 58 05
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A N G E R S , V I L L E V E R T E
Envie d’une balade citadine, mais au vert ? La capitale de l’Anjou est la destination toute trouvée ! Voilà plusieurs années que la ville se distingue comme la plus verte de France, grâce à son remarquable patrimoine nature et aux actions qu’elle mène en ce sens. Alors que la moyenne nationale d’espaces verts par habitant plafonne aux alentours de 48 mètres carrés, Angers explose les scores avec plus du double.
NOS I D ÉE S WE E K- E NDS
Nicolas Plessis
L E S L O W V I L L A G E D E B I S C A R O S S E
Getty Images / iStockphoto DR
R É S E R V E B I O L O G I Q U E D E S M O N T S D ’ A Z U R
Qu’est-ce qu’un slow village ? C’est un nouveau concept d’éco- tourisme, dont l’objectif, comme son nom l’indique en anglais, est de permettre aux vacanciers de ralentir le rythme dans un esprit respectueux de l’environnement.
Située à une heure de Nice, cette réserve animalière a pour vocation de réintroduire les animaux ancestraux dans leur habitat d’origine. Bisons, cerfs, chevaux de Przewalski et une centaine d’autres espèces vivent ainsi en semi-liberté sur près de 700 ha. Pour les observer, la réserve propose plusieurs formules de safaris, ainsi que des séjours avec nuitée dans un de leurs hébergements respectueux de l’environnement. Un véritable voyage dans le temps.
Depuis 2017, l’un de ces villages d’un nouveau genre s’est installé en plein cœur des Landes, au bord du lac de Biscarosse.
L’hébergement se fait dans des cabanes ou des cottages en bois, le village est piétonnier, la gestion des déchets et le traitement des eaux sont sélectifs et la restauration est locale et en partie bio. Et si les forêts de pins ne vous tentent pas, sachez que quatre autres slow villages ont vu le jour en France : deux aux portes d’Angers, un dans le Finistère nord et un à Lacanau.
G U I D E P R A T I Q U E
A N G E R S
M O N T S D ’ A Z U R
B I S C A R O S S E
Infos & réservations au 05 45 91 13 65 ou sur slow-village.fr/ biscarrosse-lac
Infos & réservations au 04 93 60 00 78 ou sur reserve-biologique. com
Plus d’infos via l’Office de tourisme d’Angers au 02 41 23 50 00 ou sur tourisme. destination-angers.com
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Planète Liza Bixente Lizarazu Le dimanche de 19h à 20h Sport, aventure, nature… Bixente Lizarazu nous invite à partager les expériences marquantes et atypiques de ses invités.
© Photo : Christophe Abramowitz / Radio France
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NOS SORT I E S COU PS D E
D E S A I R S D E V I E T N A M À M Â C O N
Clara Yu / Yu Fine Arts
Reconnaissez-vous ces représentations de la vie traditionnelle vietnamienne peintes sur soie ? Très largement diffusées à la fin des années 1950 grâce à une collaboration avec l’Unicef, les œuvres de l’artiste Mai-Thu ont profondément marqué l’imaginaire du grand public français. C’est pourtant la première fois que le peintre fait l’objet d’une exposition dans l’Hexagone. Son écrin ? Le musée des Ursulines, à Macôn, ville où il séjourna de 1940 à 1941, et qui lui rend aujourd’hui hommage à travers une rétrospective exceptionnelle.
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L A G A C I L L Y M E T L E C A P A U N O R D
Après une année 2020 à la fois déboussolante et riche de leçons, le festival photo La Gacilly nous fait découvrir des latitudes où l’homme a depuis longtemps appris l’humilité face à la puissance de la nature. Planète sauvage, aurore après les ténèbres, humains en sursis… Pour cette 18 e édition, cap Plein Nord, direction les pays scandinaves, à la découverte d’artistes méconnus et de leur rapport presque charnel à la rudesse et à la fertilité de leur terre. Le message est lancé : pour vivre en harmonie avec lui-même et avec la nature, l’homme doit entretenir une relation durable avec la Terre. Festival Photo La Gacilly, Plein Nord, à La Gacilly. Du 1 er juillet au 31 octobre 2021. Gratuit. Renseignements au 02 99 08 68 00 ou sur festivalphoto-lagacilly.com
Mai-Thu (1906-1980), écho d’un Vietnam rêvé,
du 16 juin au 24 octobre 2021. Musée des Ursulines, Mâcon. Tarif : 3 €. Renseignements sur macon.fr.
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I N S T A G R A M D U M O I S
L ’ A P P L I À S U I V R E
Il n’est pas toujours facile de faire du tourisme en mode durable, surtout en ville ! Hôtels, restaurants, commerces, activités, transports en commun… Comment faire le tri ? L’application mobile Tookki vous aide à vous y retrouver en recensant les adresses bio, locales, équitables, écologiques ou solidaires. Toutes les villes ne sont pas encore disponibles, mais il est d’ores et déjà possible de planifier votre prochaine escapade responsable à Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Nice, Lille et au Pays basque.
N O T R E S É L E C T I O N D E L I V R E S
Clo & Clem x 2
En voilà deux qui n’ont pas peur de partir à l’aventure ! En van, à vélo ou en train, peu importe le mode de transport, ce couple d’instagrameurs français parcourt les routes à la découverte de nouveaux horizons, qu’ils soient lointains ou alentours. Une source d’évasion inépuisable même en ces temps de fermeture des frontières ! Clo & Clem Blogueurs et créateurs de contenus à la découverte de la France et du monde depuis 2013. Voyage Nature / Aventure / Slow travel
Les Secrets de la mer, Dominique Le Brun, La Librairie Vuibert, 320 p., 20,90 € Vivant son travail d’explorateur littéraire et historique du monde maritime avec passion, Dominique Le Brun ne cesse de nous faire découvrir ses mythes, légendes et croyances. Et pour démêler le vrai du faux, l'écrivain n’hésite jamais à remettre en question des «vérités acquises». Entre anecdotes inédites et grandes épopées maritimes, ces trente histoires sont autant de récits pour prendre le grand large.
La Normandie vue du ciel, Francis Cormon (photographies) et Stéphane Maurice, éd. Hervé Chopin, 160 p., 28,50 € Du cap de La Hague à la côte d’Albâtre, des boucles de la Seine au bocage du pays d’Auge, le photographe Francis Cormon et le journaliste Stéphane Maurice nous révèlent un «pays sous l’écorce», au-delà de la séduction. Pour atteindre ce but, Francis Cormon a survolé les paysages en paramoteur afin de capturer ce que notre œil « terrestre » ne voit pas.
Guide des Grands Parisiens 2021-2023, coédition Enlarge your Paris/ Magasins Généraux, 206 p., 20 € Transformer la capitale en une grande métropole, telle est sommairement résumé la notion de Grand Paris. Voici donc la 2 e édition d’un guide inédit en son genre, qui conduira nos pas sur un territoire aux trésors insoupçonnés. Un voyage au-delà du périphérique en dix quartiers imaginaires, révélant des paysages, des initiatives, des rencontres… qui constituent la richesse mésestimée des banlieues.
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LE PAYS
BASQUE U N P A Y S N O M M É P L A I S I R Une vieille complainte souletine raconte qu’un paysan de la vieille montagne pyrénéenne voulait épouser la plus belle fille d’un pêcheur de baleine de la côte. Union aussi impensable qu’impossible, ces deux Basques n’étant pas du même pays ! Nous ne vous demanderons pas de faire ce choix impossible entre mer et montagne. Notre invitée, la Bayonnaise Maya Lauqué, a mille fois raisons : « Où peut-on, à part au Pays basque, voir la mer, la montagne, la campagne et l’Espagne en une seule journée ? Et en mangeant divinement bien ! » Des Aldudes, vallée des confins, à la Corniche, en balcon sur l’océan, des villages « stars » du Labourd aux hautes terres de la Soule, l’art de vivre – « bizitzeko antze », dit-on ici – est pluriel. Le mieux est donc ne pas choisir, et de goûter à tout. Ongi etorri Euskal Herria ! (Bienvenue au Pays basque !)
D O S S I E R R É A L I S É P A R T U U L M O R A N D I ( T E X T E ) E T B R U N O M O R A N D I ( P H O T O G R A P H I E S )
Depuis la presqu’île rocheuse de la pointe Sainte-Anne, à Hendaye, un sentierà fleur de falaises permet de longer la cote basque à pied jusqu’à Bidart.
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E N T R E L E S C A P S M A T X I T X A C O E T O G O Ñ O ( B I S C A Y E )
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L A R É S E R V E D ' U R D A B A I L E P A R A D I S D E S O I S E A U X
Côté espagnol, la réserve d'Urdabai est l'un des sites naturels les plus riches du Pays basque. 23 000 ha de forêts, rivières, falaises et marais, qui recensent autant d’espèces animales que végétales. Déclarée réserve de biosphère de l'Unesco en 1984 et classée zone oiseaux, la région est le paradis des cormorans, hérons et balbuzards, qui trouvent ici le lieu idéal pour nidifier ou faire escale. Dans les terres, visitez la grotte archéologique de Santimamiñe et la surprenante forêt d’Oma, avec ses arbres peints par l’artiste Agustín Ibarrola. Ou flânez sur les plus belles plages, comme celle de Laga (photo), nichée à l’abri du cap Ogoño (276 m), défini par certains comme « le lieu le plus proche du paradis». de protection spéciale des
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G R O T T E D E L A V E R N A L ’ E V E R E S T D E S P R O F O N D E U R S
À 356 m sous le plancher des brebis, dans les montagnes calcaires de la Haute Soule, le gouffre de la Pierre- Saint-Martin est reconnu comme le plus profond de la planète. On doit sa découverte… à un choucas, lorsqu’en 1950, le spéléologue George Lépineux voit sortir l’un de ces oiseaux d’un trou et remarque qu’un souffle en provient. Grâce à des travaux d'aménagement entamés par EDF en 1960 pour capter la rivière qui coule au fond de la cavité, le site est aujourd'hui accessible au public. Un tunnel de 660 m, percé dans les entrailles de la Terre, permet d’atteindre la grotte de la Verna (photo). Ses dimensions spectaculaires (on y mettrait dix fois Notre-Dame-de- Paris !), en font la plus grande grotte d'Europe ouverte aux visiteurs.
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R E N C O N T R E A V E C M A Y A LAUQUE Tous ceux qui ont approché un jour ou l’autre la journaliste et animatrice de télévision Maya Lauqué, vous le diront : sous son apparente douceur, c’est une bosseuse acharnée . Ses racines terriennes bayonnaises lui ont forgé des valeurs de vie où se mêlent bon sens, partage, amour de la nature et passion festayre . Un cocktail pimenté à l’image de « son » Pays basque.
P R O P O S R E C U E I L L I S P A R T U U L M O R A N D I
Vous êtes née et avez grandi à Bayonne, quels souvenirs d’enfance la ville vous a-t-elle laissés ? L’histoire de ma famille étant pro- fondément attachée à Bayonne et à ses fêtes [son père était membre du comité des Baionako Festak , ndlr], ce sont à elles que sont liés mes pre- miers souvenirs. J’ai eu la chance de pouvoir vivre l’effervescence de l’ou- verture des fêtes de Bayonne dans les salons de la mairie, d’assister au corso sur les genoux de mes parents. Je me souviens des repas dans les remparts, des fêtes à la casemate Pottoroak. Depuis des années, j’ai un rituel : la première chose que je fais quand je descends du train depuis Paris, c’est de passer en voiture par les quais de la Nive, devant la mairie… Lorsque je les vois, je sais que je suis à la maison. Un attachement quasi génétique. Vous avez débuté votre carrière de journaliste un peu par hasard.… Comment cela s’est-il passé ? Je devais faire un stage d’observation au sein de la rédaction de Sud Ouest, à Bayonne. Le premier jour, le rédacteur en chef m’a lancé : «Il y a un tournoi de hockey à Anglet, je n’ai personne. Tu prends l’appareil photo, tu y vas. Le papier est pour demain.» J’étais effrayée, je n’avais jamais tapé sur un
ordinateur je crois. Et mon premier papier a été publié ! Sud Ouest fut ma meilleure école et j’y ai fait de magni- fiques rencontres. Puis vous «montez » à Paris, mais sans jamais vraiment quitter le Pays basque…
Quand on a des racines aussi fortement ancrées dans sa terre, on ne quitte pas vraiment son pays. Ma famille y est établie et elle y est toujours restée. Comme souvent, c’est en m’éloignant que j’ai pris conscience de mon atta- chement à cette terre, de mon identité. Vu de loin, les Basques ont souvent l’image d’un peuple de caractère, libre, insolent et joyeux. Ce sont des traits que je revendique ! En quoi est-ce une région pas comme les autres ? Ici, en quelques kilo-
QUAND ON A DES RACINES AUSSI FORTEMENT ANCRÉES DANS SA TERRE, ON NE QU ITTE PAS VRAI MENT SON PAYS . MA FAM I LLE Y EST
ÉTABLI E ET E LLE Y EST TOUJOURS RESTÉE .
mètres et une journée, vous découvrez des paysages et des ambiances totale- ment différentes. Vous prenez un petit déjeuner près du fronton du village d’Arcangues, un déjeuner en Espagne à Saint-Sébastien, l’après-midi vous
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grimpez au sommet de la Rhune pour une balade en montagne et, le soir, vous dînez dans les rues médiévales de Bayonne. Où peut-on – à part au Pays basque – voir la mer, la montagne, la campagne et l’Espagne en une seule journée ? En mangeant divinement bien. Mer, montagne, villages… Quels sont vos lieux préférés ? Impossible de choisir entre les trois. Côté mer, j’aime beaucoup la plage Cenitz à Guéthary pour sa facilité d’accès et pour les enfants, il y a plein de piscines naturelles à marée basse. Celle d’Erretegia à Bidart est aussi l’une de mes préférées, car l’arrivée à pied y est spectaculaire. Et la baie de Saint-Jean-de-Luz reste un point de chute incontournable pour sa beauté et les souvenirs d’enfance. Côté villages, j’adore Saint-Jean-Pied-de-Port et Bidache, où pendant plusieurs années nous avons participé en famille à « La symphonie historique du château de Bidache ». Un genre de Puy du Fou qui retraçait l’histoire du lieu. Nous étions 2 000 figurants dans un esprit colo intergénérationnelle, j’en garde un souvenir mémorable ! Les montagnes sont mon prochain objectif. J’aimerais me mettre à la randonnée et le terrain de jeu est important au Pays basque. Parlez-nous de la particularité de votre village familial de Saint-Martin d’Arrossa ? Ma grand-mère paternelle y est née ainsi que mon arrière-grand-mère adorée du côté de ma maman. Elle lui a légué sa maison natale dans laquelle nous allions – et nous allons toujours – passer nos vacances. Je me souviens que nous prenions le train depuis Bayonne, tous les étés, avec ma mère. Il continue de faire la liaison et le par- cours est spectaculaire. Mon arrière- grand-mère – qui s’appelait Jeanne, comme ma fille – venait nous chercher à la gare de Saint-Martin-d’Arrossa et notre été commençait entre bains à la rivière et parties de pelote au fronton du village. Le paradis perdu de l’enfance.... Enfin, pas si perdu, puisque j’emmène maintenant mes enfants qui participent à ces activités avec la même ferveur !
B I O G R A P H I E Née en 1979 à Bayonne. 1990 -1996 Élève en danse classique à l’école de l’Opéra national supérieur de musique et de danse de Paris. 1997 Premier stage de journaliste à la rédaction de Sud Ouest, à Bayonne. 2001-2005 Présentatrice sur Infosport puis sur TPS Star. 2006-2013 Présentatrice et animatrice sur i>télé. 2013-2021 Coprésentatrice de La Quotidienne sur France 5. 2021 À partir de septembre prochain, elle présentera Télématin, en duo avec Damien Thévenot. de Paris et au Conservatoire
Jean-Jacques Descamps / Bestimage
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L E S E S C A L E S B O N H E U R D E L A C Ô T E D ’ A N G L E T À H E N D A Y E
B A S Q U E Entre Anglet et Hendaye, le littoral basque déploie trente kilomètres de paysages d’une étonnante diversité, entre longues plages de sable fin, falaises escarpées et forêts. Villes et villages jalonnent ce trait de côte océanique. Un cabotage terrestre au rythme de rencontres humaines et patrimoniales étonnantes.
Depuis ses hautes falaises de flysh (des couches de marne et de grès), la route de la corniche dévoile des panoramas uniques sur l’océan et les Pyrénées. Un arrêté préfectoral vient malheureusement de fermer le sentier du littoral afin de préserver ces falaises d’une extrême fragilité.
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La forêt de Pignada est le poumon vert du Pays basque. Et la trottinette électrique un moyen original de parcourir ses chemins.
E N T R O T T I N E T T E É L E C T R I Q U E D A N S L A F O R Ê T D E P I G N A D A Rendez-vous est pris avec Jean-Daniel Irumberry, fondateur de Uhina Nature, prestataire spécialisé dans les visites guidées de sites naturels exceptionnels. Son invitation ? Découvrir la forêt de Pignada en trottinette électrique tout-terrain aux pneus XXL pour une stabilité étonnante ! «Cette forêt est LE poumon vert de l’agglomération Biarritz-Anglet-Bayonne, un des plus grands espaces naturels de la côte basque et la dernière dune boisée des Pyrénées-Atlantiques», nous explique-t-il. Vingt-cinq espèces végétales protégées se trouvent dans ce petit espace de 250 hectares. Conteur hors-pair, Jean-Daniel nous révèle les secrets de ce biotope extraordinaire.
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Entre leçon de botanique et rêverie, un moment inoubliable. Afin d’accueillir le public en respectant ce patrimoine naturel, des pistes à revêtement spécifique ont été aménagées. Une idée originale et engagée tourisme durable qui a valu à Uhina Nature d’obtenir le label écologique français NF Environnement-Sites de visite, une distinction décernée pour la première fois en France à un prestataire d’activités.
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À ANGLET, PLACE À LA NATURE S’il y a un endroit pour lequel la ville d’Anglet est connue, ce sont ses plages ! Et ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme «La petite Californie ». Que l’on soit amateur de glisse ou simple promeneur, ses 4,5 km de sable fin ne laissent pas indifférent .
Pauline Ado, championne du monde de surf en 2017, s’entraîne sur les plages d’Anglet, où elle a passé son enfance.
Anglet n’a ni le chic de Biarritz ni le patrimoine architectural de Bayonne, en réalité ce ne sont que des habitations dispersées sans vraiment de centre-ville. Mais la commune possède un sacré atout : ses interminables plages de sable fin. Pas moins de onze plages aux noms évocateurs des Cavaliers, des Corsaires, de la Madrague, de Marinella ou de la Chambre d’Amour s’étirent sur les G U I D E P R A T I Q U E Office de Tourisme Pays Basque 20, boulevard Victor Hugo, 64500, Saint-Jean-de-Luz 05 59 26 03 16, en-pays-basque.fr Le Café bleu 7, esplanade des Gascons 05 59 03 62 68 café-bleu-anglet.com Déco contemporaine pour ce restaurant raffiné posé face à l’océan, dont la carte ravira les amateurs de produits de la mer. Plats autour de 20 €.
4,5 kilomètres de sa côte. Derrière les dunes, la ville se fait discrète et laisse à la nature toute sa place. Un chemin de digue longe l’océan, de la plage de la Barre à la plage des Sables d’or, pour le plus grand bonheur des promeneurs. C’est là que Pauline Ado, championne du monde de surf et Angloye, nous attend. «Ce littoral a été sauvé in extremis. Il y eu une prise de conscience après Nice et la Côte d’Azur, ce qui a empêché de grosses constructions au bord de la mer à Anglet. Résultat ? Nous avons un petit coin de paradis de nature sauvage, enclavé entre deux gros bourgs,
Bayonne et Biarritz », se réjouit la surfeuse. « J’aime m’entraîner ici les jours de vents de terre lorsque les vagues sont plus lisses. » Cheveux dorés, visage mutin et sourire timide, la jeune femme de 29 ans comptabilise déjà vingt-et-un ans de glisse sur l’eau à son actif ! «Petite, j’étais un garçon manqué, je faisais du foot avant de me mettre sérieusement au surf à 8 ans. J’ai gagné une petite compétition un an après avoir commencé et cela m’a boostée. À 10 ans je m’étais fixé une ambition, devenir surfeuse professionnelle. » Le temps et le talent ont fait le reste…
Face à la plage de la Chambre d’amour, la promenade est le lieu idéal pour assister au ballet des surfeurs ou prendre un verre au coucher du soleil.
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Dans ce petit village «avec balcon sur la mer », comme on dit ici, l’ambiance est nonchalante et l’on prend le temps de vivre ensemble. Et pour cela, rien de tel que de se retrouver autour d’une bonne partie de pelote basque !
Dans la Sainte- Trinité basque, il y a l’église, la mairie et le fronton. Bidart en compte deux, dont celui de la place principale, situé à côté de la mairie.
À BIDART, TOUS AU FRONTON !
À première vue, on pourrait le comparer à un village crétois accroché au flanc d’une falaise, dont l’éclatante blancheur se détache sur la mer bleu azur. Mais ses volets rouges, ses vénérables maisons labourdines aux toits de tuile, son église du XVI e siècle flanquée d’un porche, sa massive mairie, son fronton rose et son ambiance nonchalante de hameau de montagne font de Bidart l’un des villages les plus authentiques de la côte basque. L A P E LOT E , SOC L E DE L A V I E SOC I A L E La place de la mairie, entièrement piétonne, est le cœur battant du bourg où tout le monde se côtoie. Habitants et touristes se partagent les tables en terrasse des trois restaurants pendant qu’une partie de pelote à main nue se dispute sur le fronton de la place. Une longue tradition de pelote, le jeu favori des Basques, est devenue à Bidart le socle même de la vie sociale. «Pratiquée dès le XVII e siècle, la pelote n’est pas qu’un sport, c’est notre culture vivante. Rien que dans notre petit village, nous avons deux
frontons et un trinquet, c’est dire son importance» , explique Maïtena Camou, responsable de l’office de tourisme. Cette longue histoire a laissé des empreintes sur le fronton de la place où s’affichent trois dates, 1869, 1912, 1925, chacune marquant une élévation progressive. «Le plus important dans une pelote c’est d’avoir du clac, c’est-à-dire du rebond ! Lorsque l’invention du latex au XIX e siècle a permis de fabriquer des balles au rebond de plus en plus important, il a fallu surélever le petit fronton», explique Jon Tambourindeguy. Ce joueur professionnel fabrique, avec son frère Patxi, des pelotes et des gants en osier, la fameuse chistera. Tous les deux champions du monde de cesta punta (la pelote basque), les Tambourindeguy, natifs de Bidart, perpétuent aujourd’hui un métier devenu très rare. «En France, nous sommes seulement deux à fabriquer des chisteras et quatre des pelotes », assure Patxi. Dans leur atelier, les deux athlètes se concentrent sur des procédés minutieux de couture, de faufilage et de travail de l’osier. «Quand on devient joueur pro, on commence à s’intéresser à
La place de la mairie, entièrement piétonne, est le lieu de rendez-vous des Bidartars. On y boit un café au son des matchs de pelote.
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quinze spécialités qui se pratiquent sur des aires de jeu différentes. Si les puristes préfèrent jouer à main nue, notamment dans les villages de montagne, avec les phalanges et la paume qui finissent par en porter des séquelles à vie ; sur la côte basque règne le grand chistera. Rendez-vous le soir même à Saint- Jean-de-Luz avec Jon, qui participe aux Internationaux de cesta punta, le fameux Jaï Alaï, littéralement « jeu allègre», un tournoi où se regroupent les meilleurs joueurs du monde de la discipline. Populaire et très répandue aux États-Unis, la cesta punta est la forme la plus rapide de pelote basque. «La balle servie par l’adversaire peut aller jusqu’à 300 km/h et d’ailleurs nous jouons casqués», explique Jon. Dans l’immense salle grillagée, il déploie une incroyable agilité pour saisir au vol la pelote, faire tournoyer son chistera pour donner toute sa vitesse à la balle, qui repart ricocher sur le mur à une telle vitesse que nous la perdons de vue !
son matériel, car il faut constamment l’entretenir et le réparer. C’est comme ça que la passion est née», raconte Jon entre deux coups d’aiguilles dans une balle en latex, qu’il enveloppe dans du cuir. C E STA PUNTA OU GR AND CH I ST E R A Autodidacte, c’est en réparant ses propres chisteras lors de son séjour professionnel en Floride que Patxi, le frère aîné, a appris la base. «Là-bas, des personnes généreuses m’ont enseigné leur savoir-faire. Un Mexicain m’a même montré quelques secrets pour la pelote. Quand je suis rentré, Jon m’a rejoint dans ma passion et nous avons fondé Ona Pilota (la «bonne pelote» en basque), notre atelier à Bidart », explique l’ex-champion du monde.
L’ex-champion du monde de cesta punta, Jon Tambourindeguy, est l’un des deux derniers artisans en France à fabriquer des chisteras.
D’énormes gants en osiers sont suspendus au mur tels de longs épis de maïs gonflés à bloc. «Ce sont des gants pour le grand chistera, la plus pratiquée des spécialités de pelote basque. » À main nue, à la pala, la raquette en bois, ou au chistera, la pelote basque s’est diversifiée en
G U I D E P R A T I Q U E Office de Tourisme de Bidart Rue Erretegia, 64210 Bidart 05 59 54 93 85 bidarttourisme.com Ona Pilota
597, rue Berrua, 64210 Bidart 06 26 76 66 88 et 06 74 80 11 17 onapilota.com Restaurant Mahaina 5, rue de la Madeleine, 64210 Bidart 05 59 26 89 55 Une cuisine fraiche, inventive, locale et bio. Menu à 27 €..
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Blottie dans la baie de Socoa, l’ancienne « cité des corsaires » est devenue une station balnéaire paisible et cossue où il fait bon flâner et prendre le temps de déguster ses spécialités gastronomiques, entre tradition et créativité.
En créant la conserverie Jean de Luz, Jean-Hilaire de Bailliencourt a réhabilité un procédé artisanal ancestral, respectueux de l’environnement.
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CULINAI REMENT VÔTRE
G U I D E P R A T I Q U E Office de Tourisme St-Jean-de-Luz 20, bd Victor Hugo, 05 59 26 03 16, saint-jean-de-luz.com Conserverie Jean de Luz 3, avenue de Jalday 05 59 47 11 43, jeandeluz.com Egiategia 5 bis, chemin des Blocs, 64500 Ciboure, 05 59 54 92 27 egiategia.fr Restaurant Arraina 39, av. du Commandant-Passicot, 64500 Ciboure, 05 59 47 98 60 arraina-latablemarine.fr Le poisson dans tous ses états !
Belles demeures des riches armateurs du XVII e siècle, hôtels particuliers et élégantes villas néobasques bordent les rues piétonnes de Saint-Jean-de-Luz jusqu’au bord de mer. Encadrant l’entrée du port, deux phares jumeaux Art déco tout de blanc peints, rehaussés de rouge côté Saint-Jean, de vert côté Ciboure, divisent ce paysage unique que forme la baie de Socoa. R E NA I SSANC E D ’ UN E CONS E RV E R I E ART I SANA L E C’est ici que le Picard Jean- Hilaire de Bailliencourt, ingénieur agronome de formation, a mis toute son énergie pour faire renaître une tradition de conserverie luzienne. « Je savais qu’il n’y avait plus de conserverie à Saint-Jean-de-Luz. La dernière avait mis les clés sous la porte en 1997, alors que chaque port de pêche de France en possède au moins une. Il y avait un créneau à
prendre », se souvient le fondateur de la conserverie Jean de Luz, créée en 2003. « Tout a commencé dans un semi-remorque que j’avais aménagé en petit laboratoire pour y faire sécher des chutes de coupes du thon. L’idée était de valoriser ces morceaux, en abondance chez les pêcheurs, mais dont personne ne voulait. » Puis la remorque se transforme en véritable entreprise et l’activité s’agrandit, notamment dans la conservation des sardines, qui réhabilite un des plus vieux savoir-faire en la matière. « À la naissance des premières conserveries dans les années 1810, et jusqu’en 1910, les techniques étaient très différentes de ce qui se pratique aujourd’hui : on faisait égoutter les sardines, puis on les laissait sécher deux jours avant de les mettre en boîte. Sans les frire ! Et c’est ce procédé artisanal ancestral que j’applique dans ma conserverie. Nous sommes les seuls à faire ça en France et tout est bio. »
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Le long de la Grande Plage, la promenade Jacques Thibault permet de découvrir la diversité architecturale des riches demeures du front de mer.
Sur le port, la maison de l’Infante fut le lieu de séjour de Marie-Thérèse d’Autriche avant son mariage avec Louis XIV, le 9 juin 1660.
Le phare de Ciboure (vert) fait face à celui de Saint-Jean-de-Luz (rouge). Construits en 1936 dans un style néolabourdin, ils encadrent la baie de Socoa.
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L E V I N E F F E RV E S C E NT DE S GR ANDS FONDS MAR I NS Emmanuel Poirmeur, ex-ingénieur agronome et œnologue, a apporté sa pierre à l’édifice gastronomique luzien et cibourie en relevant un défi hors du commun : vinifier du vin dans la mer . « Plus exactement, j’effectue la seconde fermentation alcoolique de mes vins en cuves immergées dans la mer ! », précise-t-il. Une idée et une méthode unique au monde dont il a déposé le brevet en 2007. « Je suis venu au port de Socoa sans le sou et sans aucun patrimoine vinicole. La seule chose que je possédais était la volonté de faire du vin autrement. » Mais dans un pays de vieille culture vinicole comment innover ? La réponse, Emmanuel l’a trouvée en Argentine, où il découvre que « les paramètres de la seconde fermentation alcoolique du vin effervescent en cuve étaient naturellement présents sous la pression naturelle de l’eau » . Il tenait l’idée. C’est depuis ses caves Egiategia (« l'atelier des vérités » en français), situées dans la zone portuaire de Socoa, qu’Emmanuel
Les vignes d'Egiategia sont plantées à Urrugne, à 100 m
au-dessus de l'océan. Un territoire jamais exploité sur lequel Emmanuel Poirmeur utilise des techniques en respect total avec l'environnement : enrichissement naturel des sols par un troupeau de brebis, protection phytosanitaire naturel des vignes par la présence des embruns iodés….
immerge ses cuves à 15 mètres de profondeur. « Les corsaires venaient se protéger des tempêtes dans cette baie. Les digues que fit édifier Napoléon III forment une barrière contre les vents. » L’invention d’Emmanuel est saluée par les associations écologistes. « Ce sont les premières à me féliciter, car ce système de vinification apporte un soutien à l’écosystème marin, en
jouant le rôle d’un récif artificiel. Les cuves spécialement étudiées pour cet usage sont recyclables. » Mais ses vins ne tirent pas leur originalité du seul procédé, il fallait aussi apporter quelque chose de nouveau au niveau gustatif. « Les levures produites sous la mer libèrent des notes et des arômes qui n’apparaissent pas dans la vinification classique », explique Emmanuel.
C’est dans le chai terrestre d’Egiategia, situé face à la baie de Socoa, qu’Emmanuel Poirmeur stocke la vingtaine de fûts (de 300 à 400 l) qui plongeront remplis de vin à 15 mètres de profondeur,
pour une seconde
fermentation sous-marine.
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LA CORNICHE BASQUE
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Au-delà du fort de Socoa, les promontoires rocheux d’Urrugne constituent un belvédère naturel où de hautes falaises striées plongent vertigineusement dans la mer. Les lignes et les strates qui se froissent et s’empilent sont en réalité des successions de couches de roche dure et tendre, que l’on appelle des flyschs ; ils s’étendent tout au long de la côte basque, de Biarritz à San Sebastiàn, en Espagne. «Les flyschs sont un livre géologique à ciel ouvert. Ils recèlent l’histoire de notre terre sur une centaine de millions d’années », explique Étienne Legay, guide naturaliste du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) du littoral basque. Ces falaises ont été formées au fond de l’océan il y a environ 110 millions d’années. Le Pays basque est LA CORN ICHE BASQUE racontent des millions d’année d’histoire de la Terre. Un lieu au plus près des éléments pour observer la faune, la flore, l’océan… et les étoiles. Dans cet espace naturel protegé, qui s’étend de Ciboure à Hendaye, les falaises
Point de départ de la corniche, le fort de Socoa, édifié en 1636 sous le règne de Louis XIII, domine le port de Ciboure.
alors un bassin d’eau, coincé entre la plaque ibérique et la plaque européenne, où des sédiments se déposent les uns sur les autres en une sorte de millefeuille. Lorsque les deux plaques sont entrées en collision il y a quelque 50 millions d’années, ces couches de roches se sont comprimées et pliées pour se soulever au-dessus de la mer en ont formé les Pyrénées. À partir de ces falaises impressionnantes commence la corniche basque : huit kilomètres d’un paysage côtier demeuré intact de toute construction récente, formant un patrimoine naturel protégé. Un sentier littoral longe une nature sauvage où alternent criques et plages de sable fin jusqu’à la pointe Sainte-Anne et la baie de Loia, à Hendaye. « J’ai quitté ma Charente natale pour ce lieu si particulier qu’est la corniche»,
G U I D E P R A T I Q U E Office de Tourisme d’Hendaye 67bis boulevard de la Mer, 64700 Hendaye 05 59 20 00 34, hendaye-tourisme.fr Itzas Zaldi 9, rue des Figuiers, 64700 Hendaye 09 83 03 40 79 Un petit restaurant de poissons bio et sauvages. Tout simplement inratable. Comptez 38 € environ. Château Observatoire Abbadia Route de la Corniche, 64700 Hendaye 05 59 20 04 51,chateau-abbadia.fr Visite libres ou guidées du château et du domaine, sur réservation.
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confie Étienne, qui énumère avec passion les espèces endémiques de la faune et de la flore de son pays d’adoption. «Mais cette biodiversité remarquable est très précaire, car tout tient sur une terre extrêmement fragilisée. Après les pluies en été, la terre devenue molle se décroche facilement en hiver. Le réchauffement climatique, qui favorise la fréquence des tempêtes, accélère le processus », se désole-t-il. Résultat ? La côte recule de 20 centimètres par an. Le sentier sur lequel nous marchons a déjà reculé de 40 centimètres ! «Dans cinq ans, pourrons-nous continuer à marcher sur ce chemin ? » L E CHÂT E AU OBS E RVATO I R E ABBAD I A Sur la corniche, un paysage de bocage et de prairies a été façonné par une tradition agricole perpétuée par quelques vieilles fermes implantées sur
La plage des Deux-Jumeaux, à Hendaye, doit son nom aux deux rochers qui surgissent hors de la mer, séparés de la falaise par l’érosion.
aujourd’hui sans un personnage hors du commun, Antoine d’Abbadie d’Arrast (1810-1897). Linguiste, astronome, géographe et explorateur, ce mécène, membre de l’Académie des sciences, a la
ces terres depuis des siècles. Une convention liant le CPIE et les agriculteurs permet de respecter l’écosystème et la biodiversité. Mais cette corniche n’aurait pas existé telle que nous la connaissons
Suite à de nombreux glissements de terrain, la pointe Sainte-Anne est désormais interdite aux piétons. L’accès à la baie de Loia, petit bijou à l’eau turquoise, se fait désormais par la mer.
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Sur la pointe Sainte-Anne, le château Abbadia fut construit en 1870 par Viollet-le-Duc, qui s’inspira des châteaux forts du Moyen Âge. Le domaine appartient aujourd’hui a l’Académie des sciences.
passion de la culture basque. Pour effectuer ses recherches tout en vivant une partie de l’année sur la terre de ses racines, il fait construire, en 1864, un observatoire et une «modeste » demeure : un château de style néogothique, flanqué de tours et de créneaux, qui surplombe l’océan depuis son écrin vert de 450 hectares. « Il lui fallait un lieu en hauteur, vierge de toute pollution lumineuse, comme poste d’observation des corps célestes. Les falaises de la pointe Sainte-Anne, loin des lumières de Biarritz, se prêtaient à merveille à ce qu’il recherchait. Plus de 50 000 étoiles ont été positionnées depuis cet observatoire », explique Elie Castagnet, guide au domaine Abbadia. Depuis la terrasse du donjon, la vue s’offre sur la Rhune, que le scientifique n’a cessé d’observer jusqu’à la fin de sa vie. Aucune autre nouvelle construction n’a vu le jour sur la corniche. Et
pour cause : Antoine d’Abbadie a légué son domaine à l’État avec la prérogative très claire de sauvegarder ses espaces naturels. « En faisant cela, il a sauvé la corniche d’une urbanisation inévitable » ,
affirme Elie. « Vous avez devant vous un paysage bocager inchangé depuis au moins 150 ans. C’est un héritage précieux que nous nous efforçons de sauvegarder pour maintenir un écosystème indispensable. »
Créée pour être un véritable laboratoire de recherche et de réflexion, la bibliothèque du château dénombrait plus de 10 000 volumes de toutes nationalités.
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BIARRITZ E N 1 0 S P O T S
Si le Biarritz chic et élégant est bien le fruit d’une passion impériale, celle de l’impératrice Eugénie et de Napoléon III, avant de devenir la villégiature du couple royal, la cité balnéaire était à l’origine un modeste village de pêcheurs baleiniers et d’agriculteurs. Loin des palaces et des souvenirs des têtes couronnées, le côté océanique de la ville raconte un autre Biarritz, celui des pêcheurs,
des baleines et des tontons surfeurs.
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Le belvédère du Rocher est la meilleure place pour contempler la villa Belza. Perchée sur des rochers déchiquetés au milieu de l’océan, cette étrange bâtisse de styles mauresque et Art déco, flanquée d’un donjon coiffé d’une tourelle néogothique, captive par son apparence à la fois féerique et mystérieuse. La houle qui la fouette de toute part semble l’isoler du monde réel. Et avec un peu d’imagination, on imagine aisément les échos des folles soirées de la Belle Époque. Des rumeurs fantasques circulent à son sujet et ses murs cacheraient de nombreux secrets, mais hantée ou pas, la villa Belza n’en est pas moins devenue la carte postale incontestable de Biarritz.
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Sculpté par les puissantes vagues de l’océan, l’emblématique Rocher de la Vierge se dresse tel un phare solitaire. Napoléon III a voulu faire de cette formation rocheuse une protection imparable pour le port de Biarritz en y ajoutant une digue et en la reliant à la terre par un pont. Mais c’est la statue de la Vierge, installée en son sommet en 1865, qui conférera au lieu son aura protecteur. Les pêcheurs se l’approprient, viennent remercier la Sainte de les avoir sauvés des naufrages, et bientôt le Rocher devient un lieu de pèlerinage. On allait au Rocher de la Vierge comme on allait à Lourdes ! La police était postée à ses pieds pour dissuader les fervents de monter au sommet et toucher la statue.
L E C A S I N O M U N I C I P A L
Face à la Grande Plage, en plein cœur de la ville, cet édifice au fringant style Art déco (inscrit aux monuments historiques en 1992) est l’œuvre de l’architecte Alfred Laulhé, en 1929. Le casino propose des salles de jeux et des salons de réception, mais abrite aussi un théâtre de 730 places.
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Installé dans un bâtiment Art déco L ’ A Q U A R I U M accolé aux falaises du plateau de l’Atalaye, l’aquarium de Biarritz nous raconte le tragique destin de la baleine franche de l’Atlantique Nord, désormais disparue des côtes basques. «Autrefois, quand une baleine était en vue, c’était une aubaine, raconte Bastien Gutierrez, soigneur
à l’aquarium. Tout était bon dans la baleine. La langue, considérée comme un morceau de choix, était réservée aux curés, et le reste partagé en centaines de parts, même sa peau était transformée en huile pour éclairer les rues.» Un centre de soin au sein de l’établissement continue ce travail de sauvegarde des espèces menacées.
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Au début du XX e siècle, près de 300 pêcheurs professionnels animaient ce petit village niché au pied du plateau de l’Atalaye. Aujourd’hui, une soixantaine de crampottes (maisonnettes) décorées de plaques et souvenirs s’alignent autour de l’unique rue fleurie, qui accueille les visiteurs venus découvrir cette ancienne «commune libre» chargée d’histoire et déguster des poissons grillés sur le port.
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