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Au départ du petit village de Levie, une courte et agréable balade à travers la forêt conduit aux sites archéologiques de Cucuruzzu, qui date de l'âge du bronze, et de Capula, habité jusqu'au Moyen Âge.

LA RÉSURRECTION DU MOULIN À SANG Perché à 500mètres à l’entrée de l’Alta Rocca, cette région formée par les val- lées du Rizzanese et de ses affluents dans le sud-ouest de la Corse, « Tal- lano » est célèbre pour son huile d’olive. La variété locale s’appelle d’ailleurs la ghermana di Tallano. Au xix e siècle, le vil- lage comptait une vingtaine de moulins à eau ou à sang. Jean-Christophe est le dernier à utiliser celui de sa maison tri- centenaire. Il pousse la porte d’un atelier et dévoile une meule de granite, un vieux pressoir en bois de châtaignier et un plus moderne, en métal. « Ils sommeillaient dans les entrailles de la demeure jusqu’à ce que, sur un coup de tête pour épater les enfants, je me décide, il y a quatre ans, à

loin et plus haut, à flanc de montagne, émerge le clocher du couvent Saint- François, en rénovation. Il semble veiller sur Sainte-Lucie-de-Tallano comme le faisait autrefois le château seigneurial dont il a pris la place. UN HABITAT QUI REMONTE À L’ÂGE DU BRONZE Dans cette vallée fertile du Rizzanese, des hommes s’installèrent dès l’âge du bronze. Au nord de Sainte-Lucie-de- Tallano, près de Levie, une forêt ensor- celante, avec ses rochers capitonnés de mousse, ses chênes verts aux troncs enrubannés de lichens et son tapis bruissant de feuilles mortes, abrite les anciens habitats. Après une vingtaine de minutes de marche dans la semi-

remettre le moulin en état de marche. Les anciens du village n’en revenaient pas d’en- tendre à nouveau claquer les sabots d’un âne de trait sur le sol en pierre », raconte- t-il. C’est devenu un moment de partage et de convivialité qu’il répète désormais chaque année, sans recherche de per- formance. « Je traite 100 kg d’olives en une heure trente avec mon moulin à sang contre une tonne par heure au moulin moderne », détaille en souriant celui qui cultive près d’un millier d’arbres autour de Sainte-Lucie-de-Tallano. Au cœur de son village, les maisons hautes en granite, certaines ornées de linteaux, conservent le souvenir du Moyen Âge et de ce qui fut un hameau seigneurial. On y trouve encore une « maison forte » du xvi e siècle dotée de mâchicoulis. Plus

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OLIVIERMORETTI, LE COUTEAU DANS LA PEAU «Nous sommes trois couteliers à l’Atelier du Lotus », précise Olivier Moretti, dès notre rencontre dans sa forge à Levie. Dans ce village, il fabrique, avec Franck Thomas et Jean- François Tramoni, les couteaux indispensables à la vie agropastorale. « Ils doivent avoir une lame large pour dépecer un animal ou tailler un bout de bois, poursuit-il. Le manche en corne de bélier a de l’allure. Les ramures proviennent des cheptels du Sartenais, en Corse, et du Tarn. Elles sont chauffées dans l’huile d’olive, pressées avant d’être travaillées puis polies. On fabrique la lame des couteaux traditionnels avec de l’acier ou de l’Inox tandis que pour les pièces haut de gamme, on confectionne un acier feuilleté ou damas, esthétique et aux qualités mécaniques reconnues . Nous créons un objet usuel, utile. J’aime le côté alchimiste dans la fabrication du feuilletage », conclut-il. Les vitrines de la boutique exposent des pièces rares : couteaux en manche d’ivoire de mammouth ou un stylet, arme des vendettas d’autrefois.

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