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74 DÉCRYPTAGE

1670

ambassadeur des États-Unis auprès de la France, durant sa visite du Borde- lais en 1787. En blanc, onze domaines figurent en tant que « Premiers Crus » mais un seul est labellisé « Premier Cru supérieur » : le château d'Yquem. Un classement non révisable, à une exception près Le classement de 1855 a pour particularité d'avoir été établi une fois pour toutes. Seule entorse à cette règle, le château Mouton Roth- schild. En 1973, un décret signé du mi- nistre de l'Agriculture d'alors, Jacques Chirac, relève le domaine de « Deu- xième » à « Premier Cru ». Ce parti pris de « non révisabilité » – discutable puisqu'il s'affranchit des éventuelles fluctuations de la qualité des vins au cours du temps et ce, même quand il y a un changement de propriétaire –, n'est pas adopté par tous les systèmes d'évaluation bordelais. Au milieu du xx e siècle, certaines des sous-régions viticoles « ignorées » en 1855, récla- ment, elles aussi, une hiérarchisation officielle. C'est le cas des Graves, à partir de 1953, et de Saint-Émilion, l'année suivante. Bien qu'établies par le même organisme, l'Institut natio- nal des Appellations d'origine (INAO), ces nouvelles classifications ne pro- cèdent pas de manière identique. La première, comme celle de 1855, n'est pas révisable. Elle s'appuie aussi sur

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CHÂTEAU LAFITE ROTHSCHILD, UN VIN ROYAL

Le premier vignoble de Lafite est planté dans les années 1670 à Pauillac. Dès le xviii e siècle, en raison de son succès à la cour de Louis XV, il est appelé « vin du Roi ». À l'époque, son histoire est étroitement liée à celle du château Latour (autre futur « Premier Cru 1855 »), les héritiers respectifs s'étant mariés en 1695. En 1868, racheté par le baron de Rothschild, il prend son nom actuel.

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1714

CHÂTEAU LATOUR, DES SIÈCLES D'HISTOIRE

La première mention du domaine date de 1331, quand est construite sur ses terres la tour de Saint- Maubert, qui servira de place forte durant la guerre de Cent Ans. Jusqu'à la fin du xvii e siècle, sa situation viticole reste modeste. C'est avec l'arrivée de la famille Ségur, également propriétaire du domaine Lafite, que ce pauillac va prendre du galon. En 1714, il vaut déjà quatre à cinq fois plus qu'un bordeaux ordinaire. Passé aux mains anglaises dans les années 1960, ce « Premier Cru 1855 » est redevenu français en 1993, avec son rachat par Artemis, la holding de François Pinault.

Philippe Roy / Détours en France x 2

214 / Avril 2019 / www.detoursenfrance.fr

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