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Dans les anciennes friches

portuaires de Bacalan, on cultive aujourd’hui l’art et la solidarité. La preuve avec le projet Les Vivres de l’Art, emmené par le sculpteur Jean-François Buisson (ci-dessus et ci-contre) et l’atelier associatif du Garage Moderne (photo de droite).

BACALAN A GARDÉ SON CARACTÈRE BIEN TREMPÉ Après avoir un temps occupé les alvéoles de la base sous-marine des bassins à flot, le sculpteur Jean-Fran-

de danse, des projections de film en plein air, ainsi que des conférences sur des sujets de société comme des TEDX… Le fil conducteur est toujours l’art, mais cela peut se diluer dans tout un tas de formes. » À deux pas des Vivres de l’Art, un autre bâtiment de l’Histoire portuaire abrite, lui aussi, une initia- tive hors du commun. Sous l’immense charpente en bois d’un entrepôt rescapé des complexes industriels du port, d’irréductibles garagistes et réparateurs de vélos tiennent bou- tique depuis maintenant presque vingt ans. De jour, on vient mettre les mains dans le cambouis, profiter du matériel et de l’expertise de l’asso- ciation Le Garage Moderne pour répa- rer sa voiture ou son vélo à petit prix. De nuit, on vient plutôt assister à des concerts, à des projections vidéo… Et même casser la croûte, car une can- tine vient d’y ouvrir ses portes. Preuve que l’esprit populaire de Bacalan, son caractère social réputé bien trempé, sa citoyenneté et sa solidarité de quar- tier, trouvent encore un écho impor- tant ici, y compris parmi la forêt des immeubles nouveaux. ‡

çois Buisson a donc décidé, en 2008, de poser ses chalumeaux au sein d’un autre monument du quartier Bacalan, les anciens abattoirs des Vivres de la Marine. En échange de la promesse de restaurer les bâtiments, la mairie lui a concédé un bail emphytéotique de 40 ans. « À mon sens, ils résonnaient, à beaucoup de niveaux, avec mon projet. Les restaurer et en faire un endroit dédié à l’art m’intéressaient parce qu’il y avait cette idée de transmutation de la matière et des lieux. » La phase de rénovation bientôt terminée, Jean-François Buis- son développe à présent l’accueil des artistes, à travers des résidences per- manentes ou longues, aussi bien que des événements ponctuels. « J’ai voulu ouvrir l’endroit à d’autres pratiques que les arts plastiques. On accueille donc également des concerts, des spectacles

« OPEN BAR » AUX VIVRES DE L’ART

En s’aventurant plus avant dans les rues de Bacalan, cet usage culturel et désenclavant de l’espace trouve une résonance plus ancienne et plus éloquente peut-être. Dans l’écrin du bâti classique, cette fois installé parmi les pavillons subsistants des anciens magasins des Vivres de la Marine, un centre transdisciplinaire fait battre le cœur créatif du quartier. Baptisé les Vivres de l’Art, le projet, lancé en 2008, nourrit un double objectif : restaurer les bâtiments classés du xviii e siècle et accueillir des artistes de tous hori- zons, en leur offrant un lieu de ren- contres et d’expression, des ateliers de travail, une galerie et une rési- dence. Dans la cour accessible à tous, les œuvres monumentales en métal de Jean-François Buisson, l’initiateur du projet, côtoient des sculptures de pierre, des masques en bois, des graf- fitis, des affiches, etc. « On appelle ce lieu l’open bar, explique l’artiste. Pour consommer gratuitement et sans modé- ration de l’art. »

LA PHASE DE RÉNOVATION BIENTÔT TERMINÉE, JEAN- FRANÇOIS BUISSON DÉVELOPPE SON PROJET D’ACCUEIL DES ARTISTES, À TRAVERS DES RÉSIDENCES PERMANENTES OU LONGUES, AUSSI BIEN QUE DES ÉVÉNEMENTS PONCTUELS.

www.detoursenfrance.fr / Avril 2019 / 214

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