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58 CITY BREAK

BORDEAUX

remparts de la ville sont détruits et avec, les maisons qui y sont adossées. Tourny fait remplacer les anciennes portes étroites du Moyen Âge par des ouvrages monumentaux. Entre les ponts de la Monnaie et de Pierre, deux d’entre eux bordent les quais : les portes de la Monnaie et de Bour- gogne. C’est lui encore qui ordonne le dégagement de spacieuses places et de larges artères, laissant la lumière pénétrer à l’intérieur de la ville, der- rière le rideau de scène, en tout point harmonieux, qu’il vient de créer le long de la Garonne. Une exception de taille se trouve quai Richelieu. Rescapée majestueuse de la métamorphose du siècle des Lumières, la porte Cailhau arbore fièrement sa différence, ses formes rondes, moyenâgeuses, por- tant de hautes toitures coniques et per- cées de fenêtres à meneaux. Érigée au xv e siècle, elle se tient un peu en retrait de la ligne des façades actuelles, à l’emplacement des anciens remparts, comme si un architecte curieux avait creusé là, à la manière d’un archéo- logue, pour mettre au jour une couche recouverte par le temps. UNE OUVERTURE SYMBOLIQUE Notre visite se poursuit par les quais de la place des Quinconces, symbole s’il en est un, du renouveau borde- lais de ces dernières années. L’amé- nagement révèle ici toute sa splendeur et son intelligence. Face à la place de la Bourse, joyau du xviii e siècle, le plus grand miroir d’eau du monde (3450m 2 ) joue avec la lumière et les images pour décupler la beauté des lieux. En mar- chant le long de la promenade Michel- Corajoud, du nom du paysagiste et urbaniste à l’origine de l’installation et des jardins qui l’entourent, on profite

Ci-dessus: Le musée Mer Marine, dans le quartier des bassins à flot (photo ci-contre). Il est déjà ouvert, renforçant la relation historique entre l’Océan et la ville, mais les travaux, commencés en 2016, devraient voir leur aboutissement ultime cet été.

étroites, bordées de maisons asymé- triques, loin du classicisme raffiné des immeubles qui les ont remplacées. Inspirés du modèle de Versailles et de son palais, les bâtiments du front de fleuve sont le fruit d’une grande poli- tique de réaménagement initiée sous Louis XV, désireux d’embellir les pro- vinces à l’image de la monarchie. LA PLUS BELLE VILLE DU ROYAUME Alors prospère cité portuaire et com- merciale, Bordeaux avait les moyens de donner corps aux désirs du roi. Le plus grand artisan de cette mise en œuvre fut l’intendant de Guyenne Louis-Urbain Aubert de Tourny (1695- 1760). Bordeaux est « admirablement située : la nature a tout fait pour elle, et

jamais l’art n’y a secondé la nature », écrivait-il pour souligner le poten- tiel inexploité de la ville. Il fait ser- ment d’y remédier et d’en faire « la plus belle » du royaume. Une promesse pour laquelle il ne va négliger aucun moyen, allant même, paraît-il, jusqu’à puiser dans ses propres deniers. Les

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Entre Bacalan et Chartrons, Garonne et Lac, le site des bassins à flot est le cœur du port historique. Il a vu naître un quartier moderne mixant habitat, commerces et loisirs.

214 / Avril 2019 / www.detoursenfrance.fr

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