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54 CITY BREAK BORDEAUX

En se promenant aujourd’hui dans le blond cœur historique de la capitale d’Aquitaine, difficile de l’imaginer telle qu’elle était il y a à peine moins de vingt ans. Pour se le figurer, il faut guetter les rares façades des xviii e et xix e siècles qui n’ont pas encore été ravalées. Elles sont noires comme le charbon ; celui, entre autres, des anciens chauffages et des bateaux qui déchargeaient leurs marchandises et en chargeaient d’autres sur les bords de la Garonne. Les photos prises à la fin du siècle dernier montrent un Bordeaux aux antipodes de ce que l’on peut voir actuellement. Au triste spectacle des immeubles ternis par le temps et les gaz d’échappement, et celui des statues vert-de-gris, s’ajou- tait le vacarme de la circulation : le flot incessant des voitures empêchait les Bordelais de profiter pleinement du centre-ville, lequel n’attirait plus grand monde, privant les promeneurs de ses innombrables joyaux architecturaux. Même les rives de son fleuve étaient alors quasi inaccessibles, cachées derrière de grands hangars ou inter- dites d’accès par de hautes grilles.

Ci-dessus: Le fronton de la halle des anciens abattoirs, quai de Paludate. Anciennement Debat-Ponsan, rebaptisée Boca, la halle a été intégrée dans un complexe commercial, hôtelier et tertiaire (photo du bas). La construction de nouveaux parkings a accompagné l’extension de la gare Saint-Jean, portant à 1600 le nombre de places offertes par le parc de stationnement Belcier, ci-contre.

UNE DYNAMIQUE ANCIENNE Les opérations de réhabilitation engagées par le maire Alain Juppé durant sonpremiermandat (1995-2001)

ont débarrassé ces trésors de leur mue. Au ravalement des façades se sont ajoutées la rénovation des quais, la disparition des friches portuaires et l’ouverture d’un réseau de tramways. Cela a valu l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en 2007, au titre d’ensemble urbain exceptionnel, de cette partie de Bordeaux, dite le port de la Lune. Tous ces efforts constituent la partie visible d’une dynamique plus ancienne, initiée par Jacques Chaban- Delmas, premier magistrat de la ville pendant près d’un demi-siècle. Le duc d’Aquitaine, comme il était surnommé, est à l’origine d’une grande politique urbaine d’embellissement, dont l’élan semble perdurer. Du reste, l’arrivée de

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